Douala : un forum pour encourager la transparence dans la microfinance.

Les acteurs du secteur sont réunis au Gicam pour échanger sur les bonnes pratiques permettant aux microfinances d’être crédibles auprès des clients et des potentiels investisseurs.

La quatrième édition du forum de l’Initiative pour la Transparence dans l’Industrie de la Microfinance (Itimac) se tient depuis le 6 décembre dernier à Douala. Les dirigeants des Etablissements de Micro Finance (EMF), les pouvoirs publics et les acteurs du système financier prennent part à cette rencontre placée sous le haut patronage du ministère des Finances.

Il est question de sensibiliser les acteurs sur l’importance de la transparence dans le secteur. Notamment le bénéfice pour les EMF de publier leurs informations. Itimac intègre en réalité un vaste programme de promotion de bonnes pratiques à l’intention des dirigeants sociaux des établissements de microfinance. Ce programme a été conçu par l’entreprise Microfinance Académy, pour aider l’industrie de la microfinance d’Afrique Centrale à être plus transparente, se professionnaliser et être plus compétitive. Cette transparence devrait permettre aux microfinances d’éviter moins de sanctions de la Cobac et du Conseil National de Crédit et d’être plus crédible vis-à-vis des bailleurs de fonds. Car, d’après une étude réalisée par Micro finance Academy, la plupart des fonds d’investissements et autres organismes financiers interviennent peu dans les établissements de micro finance de la Cemac. Malgré les efforts du gouvernement et des organismes d’encadrement et de réglementation pour promouvoir les bonnes pratiques au sein des établissements des EMF, les investisseurs évoquent deux principales raisons de leur manque d’intérêt. La faible visibilité des EMF exerçant dans la Cemac sur les plateformes de benchmark et autres, ainsi que le déficit d’informations disponibles au grand public sur les EMF de la sous-région. L’Itimac répond donc à ces problèmes. En plus du forum, l’Initiative est dotée d’une plateforme digitale à laquelle les EMF peuvent librement adhérer et être visibles à travers le monde.

Il y a aussi un benchmark /classement annuel des EMF suivant des critères comme le total bilan, le nombre de clients, l’encours du crédit, le portefeuille à risque etc. De même qu’un annuaire en ligne où sont disponibles toutes les informations et références sur les EMF désireux de se faire connaître.

Le forum qui en est à sa quatrième édition, aborde la mise en conformité avec la nouvelle réglementation de la microfinance, mais aussi plusieurs thématiques pour faciliter la compétitivité des EMF. En l’occurrence, la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent, la gouvernance des EMF.

Surtout dans un contexte où le taux d’impayés se situe autour de 30%, soit très élevé. Ce qui contribue souvent à la faillite des microfinances. Le forum se déroule autour d’un salon des innovations techniques et de l’inclusion financière dans la Cemac et les débats sur la transformation digitale des EMF de la Cemac et les enjeux du financement agricole.

David Kengne, Organisateur du forum itimac : « Les EMF camerounaises ne publient pas leurs chiffres »

«Nous sommes dans un contexte où avec la guerre russo-ukrainienne, on s’est rendu compte qu’on dépendait beaucoup des importations des produits agroalimentaires. A la faveur de cette crise, les partenaires qui soutiennent Itimac ont pensé qu’il fallait inscrire le financement de l’agriculture et la digitalisation au programme. Ceci, pour encourager les établissements de microfinance qui sont engagés dans le financement agricole de pouvoir intégrer la digitalisation dans leur produits et services qu’ils offrent aux clients pour les aider à doper l’octroi de crédit en nombre et en volume. La gestion des EMF doit être centrée sur le client et lorsque vous mettez le client au centre de votre gestion, vous êtes tenu d’adopter les bonnes pratiques qui passent par la transparence. La transparence c’est par exemple dire au client les caractéristiques spécifiques de chaque produit et lorsque le client acquiert ce produit, qu’il retrouve ces caractéristiques dans le produit. Ne dites pas par exemple que le taux de crédit c’est 1% par mois, mais lorsqu’il prend le crédit, au moment de rembourser, calcul fait, il se rend compte qu’il est 1,5 ou 2%. Quand vous êtes transparent, vous attirez de bons clients et quand vous ne l’êtes pas, les clients qui ne remboursent pas les crédits viennent vers vous.

Quand on dit transparence, ça suscite la peur, la frustration. Progressivement, les EMF qui s’engagent comprennent que plus tu es transparent, mieux tu deviens crédible vis-à-vis de la clientèle et mieux les activités marchent. Il faut dissiper ces doutes en adoptant les bonnes pratiques de transparence. Nous avons constaté que les EMF camerounaises ne publient pas leurs chiffres alors que le Cameroun est classé des 5 premiers en matière de volume et nombre de clients de micro finance. Malheureusement elles ne profitent pas des bénéfices de la transparence. »

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