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Discours de haine : le Minpostel alerte sur les risques pour la paix et l’économie

La ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a procédé le mardi 9 septembre 2025 à Yaoundé au lancement de la campagne nationale « Non aux discours de haine et aux messages subliminaux ».

À un mois de l’élection présidentielle du 12 octobre, la période préélectorale apparaît propice à la montée en puissance des discours de haine. Cette initiative, portée par l’Association pour la Réhabilitation des Réfugiés, des Jeunes et des Femmes (ARREF), ambitionne de sensibiliser plus d’un million de personnes – jeunes, femmes, réfugiés, leaders d’opinion et influenceurs – aux dangers de ces discours sur le vivre-ensemble et, par ricochet, sur la stabilité économique du Cameroun.

 « À la suite des instructions du chef de l’État, nous sommes engagés dans une campagne nationale de promotion de la cybersécurité et d’un usage responsable des réseaux sociaux. Dans un contexte où le Cameroun recherche la paix, cette campagne est la bienvenue », a déclaré la ministre. Dans sa leçon inaugurale, Minette Libom Li Likeng a rappelé qu’« un discours de haine désigne toute forme d’expression publique ou privée, verbale, écrite, visuelle ou symbolique, qui propage, incite ou justifie la haine à l’encontre d’un individu ou d’un groupe sur la base de critères identitaires ou sociaux ».

LES RESSORTS NUMÉRIQUES DE LA HAINE EN LIGNE

Dans son allocution, Minette Libom Li Likeng a souligné la responsabilité des plateformes numériques dans la prolifération des messages nocifs : « Dans l’environnement numérique actuel, les discours de haine ne circulent pas au hasard. Leur propagation est facilitée, amplifiée et parfois même provoquée par l’architecture technique des plateformes et les mécanismes cognitifs et émotionnels propres à la sphère numérique. » Elle a rappelé que la logique des likes, des partages et des retweets favorise les contenus polarisants et émotionnels : « Un message haineux ou stigmatisant a donc plus de chances d’être diffusé qu’un message neutre ou modéré. Les algorithmes de recommandation, en cherchant à maximiser l’attention des utilisateurs, transforment ces messages en contenus viraux. »

Depuis 2019, le Code pénal prévoit des peines d’emprisonnement d’un à deux ans et une amende de 300 000 à 3 millions de francs CFA pour « celui qui, par quelque moyen que ce soit, tient des discours de haine ou procède à des incitations à la violence contre des personnes en raison de leur appartenance tribale ou ethnique ».

UN ENJEU SOCIOPOLITIQUE AUX RETOMBÉES ÉCONOMIQUES

 Les discours haineux et subliminaux ne sont pas seulement une menace sociale ou politique. Leur prolifération fragilise la cohésion nationale, alimente les tensions et menace directement la sécurité des investissements. Lors de la table ronde organisée au Minpostel, le Pr. Edmon Biloa, linguiste et vice-recteur de l’Université de Yaoundé I, a insisté sur le rôle du langage et des figures de style dans la propagation de la haine. Le Dr Ngwa Peter Holds, spécialiste en administration digitale, a pour sa part mis en avant la viralité des réseaux sociaux et le faible coût de diffusion de ces messages, qui « déstabilisent les efforts de régulation ».

 Les conséquences économiques sont bien réelles. Comme l’a rappelé un panéliste, ces discours pourraient entraîner la destruction d’infrastructures, la désorganisation de chaînes de valeur locales, la fuite des investisseurs et une hausse des dépenses publiques consacrées au maintien de la paix et à l’aide humanitaire. « Le Cameroun, société profondément diverse, repose sur un équilibre sensible entre régions, cultures, langues et religions. Toute parole qui fracture, stigmatise ou oppose met en péril l’essence même de notre nation », a averti la ministre.

Déployée de septembre à décembre 2025, la campagne alternera conférences, tables rondes et actions de sensibilisation, en présentiel comme en ligne, et dans les langues locales et officielles. Elle s’inscrit dans la continuité de la stratégie nationale de cybersécurité, avec pour objectif de transformer la lutte contre les discours de haine en levier de paix, de stabilité et de prospérité économique.

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