Dialogue : pourquoi Dion Ngute commence par Bamenda

Selon certains observateurs politiques, cette région traîne la réputation d’abriter des leaders sécessionnistes les plus radicaux, un nombre important des membres du gouvernement et demeure le principal bastion des enlèvements et autres crimes crapuleux.

Fon Angwafor montre la voie à Dion Ngute

De l’avis de certains spécialistes en résolution des conflits et crises sociopolitiques, le choix porté sur Bamenda par le Premier ministre le 9 mai dernier, pour le début de ses visites dans les régions dites anglophones, n’est pas un fait anodin. L’entame de cette démarche pour la paix par le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, tiendrait selon ces spécialistes, sur au moins trois mobiles. Cette région abrite les leaders sécessionnistes les plus radicaux, elle compte un nombre important des élites au sein du gouvernement, en plus d’être le principal bastion des enlèvements et autres crimes crapuleux. Il est donc question pour le gouvernement d’apaiser les tensions et les cœurs dans cette région, ce qui permettrait d’endiguer à environ 60 % cette crise qui dure depuis deux ans.

Des leaders radicaux

A l’analyse, la région du Nord-ouest est celle dans laquelle la crise dite anglophone a fait ses premiers pas. L’on se souvient que tout est partie des revendications des avocats, doublées de celles du corps enseignant, lesquels réclamaient au départ, « le non-respect de la législation en vigueur au sujet des justiciables de la partie anglophone, l’inexistence de la version anglaise des actes uniformes de l’Organisation pour l’Harmonisation des Droits des Affaires en Afrique, etc ». Cependant, malgré les mesures prises par le gouvernement, les leaders des mouvements de grève ont fait perdurer la grève, en se radicalisant. Ce qui a débouché sur une situation de crise ouverte. De plus, la géographie des leaders actuels de cette crise permet de constater que la majorité est issue de cette région réputée frondeuse, contrairement au Sud-Ouest que l’on qualifie de complaisante vis-à-vis du gouvernement en place. Parmi ces leaders on peut notamment citer Mark Bareta, Sisiku Ayuk Tabe, Sho Ayaba, Tapang Ivo Tanku, etc.

Par ailleurs, l’un d’eux, Sisiku Ayuk Tabe, actuellement détenu à la Prison centrale de Yaoundé-kondengui, a de tout temps démontré sa détermination à faire sécession en créant « l’Etat d’Ambazonie ». Ce dernier a d’ailleurs déclaré au cours d’une audience qu’il n’était plus de nationalité camerounaise, mais plutôt « ambazonienne ». En outre, l’histoire politique du Cameroun enseigne que le Nord-Ouest a toujours été le principal bastion de l’opposition. Le cas Ni John Fru Ndi est dans ce sens assez illustratif. Pour certains spécialistes, l’entame de la visite de Joseph Dion Ngute à Bamenda, participe de la prise en compte des éléments suscités. Sans oublier le fait que c’est aussi dans cette région que le plus grand nombre d’actes crapuleux est commis, à travers les enlèvements et assassinats des soldats et civiles.

Une élite importante au sein du gouvernement

Au-delà d’être le principal théâtre de la crise anglophone, la région du Nord-ouest fait partie des zones ayant un nombre important de son élite au sein du gouvernement. Certains spécialistes s’accordent d’ailleurs à penser que cette région a de tout temps bénéficier de la confiance du chef de l’Etat. A titre d’illustration, avancent-ils, l’ancien Premier ministre Philémon Yang, détient le record de longévité au poste de chef du gouvernement, avec environ 10 ans passées à cette haute fonction. De plus, depuis la formation du dernier gouvernement, la région du Nord-Ouest détient au moins une demi-dizaine de ministres. Notamment Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration Territoriale (Minadt), Rose Mbah Acha, ministre délégué à la présidence, chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, Paul Tasong, ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), Félix Mbayu, ministre délégué auprès du ministre des Relations Extérieur, chargé des relations avec le Commonwealth, Paul Ghogomu Mingo, ministre chargé des Missions à la Présidence de la République, etc. Les spécialistes sont donc formels, « commencer cette visite par la ville de Bamenda, c’est déjà résoudre le problème à au moins 60 % ».

Par Junior Matock

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