Réviser la loi sur l’électricité et adopter une loi spécifique sur les énergies renouvelables, numérisation de l’ensemble des infrastructures du secteur, des incitations pour les petits entrepreneurs, exporter l’énergie vers d’autres pays…le gouvernement compte lancer un grand chantier dans ce secteur stratégique.
Dans la feuille de route élaborée par le gouvernement camerounais à l’horizon 2030, il est prévu la révision de la loi sur l’électricité et l’élaboration des textes réglementaires associés. Dès 2026, il est question de recruter des consultants pour l’élaboration des textes réglementaires ainsi que de mettre en place un comité interministériel pour le même objectif. A terme, une loi et des incitations spécifiques pour le développement des énergies renouvelables seront adoptées. Le Cameroun entend en effet augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique. Ce qui va aider à mettre fin au gap entre le taux d’accès à l’électricité en en milieu urbain qui est de 94 % contre moins de 25 % en zone rurale.
Le pays compte aussi faire valoir son potentiel en petite hydroélectricité à travers un programme de développement de 50 petites centrales hydroélectriques (PCH) ; de développement de 10 petites centrales hydroélectriques d’ici 2030 pour une puissance cumulée de 25 MW, soit 2,5 MW/PCH. Des investissements pour lesquels les acteurs privés sont fortement sollicités y compris de petits entrepreneurs. « Un Code de l’électrification rurale sera adopté pour clarifier les procédures et définir les rôles des différents acteurs, permettant ainsi aux investisseurs privés d’intervenir en toute sécurité dans ce domaine », précise le document publié par le ministère de l’Eau et de l’Energie.
Des opportunités pour les petits entrepreneurs
D’après le constat fait par le gouvernement, le nombre d’acteurs dans la vente d’électricité en zone rurale, consacrée par la loi de l’électricité de 2011 reste très faible et essentiellement informel. Il en est de même pour les fournisseurs d’intrants. Il est donc question de mettre en place des incitations ou des subventions à l’investissement au profit des développeurs privés intéressés. Un environnement spécifique favorable à l’émergence de petits entrepreneurs privés est aussi envisagé. Il s’adresse notamment aux développeurs des mini-réseaux, aux distributeurs des kits solaires et autres systèmes solaires autonomes dans les zones rurales à très faible densité de population.
Par ailleurs, une stratégie nationale de numérisation du secteur de l’énergie sera lancée, avec dès 2026 des actions prioritaires. Un consultant sera recruté afin de rédiger la stratégie, puis après soumission et validation, on aura en 2027 une cartographie et la numérisation de l’ensemble des infrastructures du secteur de l’électricité.
Faire du Cameroun un pays exportateur d’énergie
Le pays compte opérationnaliser le volet interconnexion avec les pays voisins notamment le Tchad, le Nigéria et la République Centrafricaine. D’ici fin 2026, il sera question de mettre en place des comités de pilotage inter-Etats pour le suivi de la mise en œuvre des projets de développement des interconnexions avec le Nigeria, la République Centrafricaine, la Guinée Equatoriale, le Congo et le Gabon. Des comités techniques inter-Etats pour le suivi de la mise en œuvre des recommandations des comités de pilotage seront également définis. D’ici fin 2026, on devrait avoir une assistance technique pour l’accompagnement du gouvernement dans l’élaboration d’une tarification pour les interconnexions, la structuration commerciale et contractuelle des interconnexions et la définition d’un modèle de gestion et d’exploitation des interconnexions au niveau du Pool Énergétique d’Afrique centrale (PEAC). Il s’agit d’une Institution Spécialisée de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) dont le Cameroun est membre. D’ici fin 2027, le pays envisage d’ achever les études d’interconnexion haute tension entre le Cameroun et le Nigéria. Pour ce faire, les termes de références liées à ces études sont en cours de discussion entre le PEAC et le WAPP. A la même échéance, il est prévu de développer des infrastructures de production pour faire du Cameroun un pays exportateur d’énergie. En l’occurrence, achever la maturation des projets d’aménagements hydroélectriques de Chollet (600 MW), Bini à Warak (90 MW), Kikot (500 MW), Grand Eweng (1035 MW), Minkouma (300 MW), Mbakaou (200 MW). Barrages réservoirs Pont rails et Ntem ; identifier et sécuriser les financements nécessaires (prêts concessionnels, investissements privés, coopération avec les partenaires régionaux et internationaux) au développement des projets transfrontaliers identifiés. L’Etat vise à l’horizon 2030 d’atteindre une production de 5000MW pour pouvoir revendre à ses voisins. L’un des principaux défis dans cette ambition est de disposer d’un organe de régulation du secteur de l’électricité sous régional opérationnel pour adresser les questions d’interconnexion transfrontalière.







