Consommation, pourquoi les prix augmentent

Hausse des cours des matières premières à l’international, tracasseries dues aux restrictions sanitaires,
spéculation des commerçants, changements climatiques… Enquête sur la hausse des prix des produits de
grande consommation.

«En moyenne sur les douze derniers mois, le niveau général des prix augmente de 2,2 %, comparativement au 1er trimestre 2021, les prix à la consommation finale ont augmenté de 0,8 % au 2ème trimestre 2021. Par rapport au 1er semestre 2020, le niveau général des prix a connu une hausse de 2,0 % au 1er semestre 2021 (cette hausse était de 2,5 % il y a un an). En moyenne sur les douze derniers mois, le niveau général des prix progresse de 2,2 % en fin juin 2021 », rapporte l’Institut Nationale de la Statistique (INS) dans son rapport sur l’évolution de l’inflation au Cameroun au premier semestre 2021. Autrement dit, comparé à l’année 2020, le prix de la vie est de plus en plus élevé au Cameroun. Les raisons, l’INS les révèle également. Ce sont notamment la pratique de la spéculation des commerçants distributeurs, du fait de la réduction de la mobilité au niveau des frontières ; la faiblesse de l’offre des produits agricoles dues aux changements climatiques qui perturbent les cycles agricoles ; et l’insécurité persistante dans certaines régions du Cameroun qui, de l’avis de l’INS, continue d’éroder les capacités de production des ménages agricoles. A ces faits s’ajoutent l’approvisionnement limité des grands centres de consommation à cause de la dégradation de certains axes du réseau routier ou ferroviaire ainsi que la hausse des prix mondiaux. Par exemple, les acteurs de la chaîne de distribution ont été ouvertement accusés d’être les instigateurs de la hausse des prix observée depuis des semaines sur le marché, laquelle augmentation a porté le sac de 50 kg de ciment ordinaire à 4900 voire 5000 francs CFA, contre 4 300 francs en temps ordinaire. Le ministre du Commerce a alors menacé de fermer des usines si cette augmentation est effective. Les acteurs de la chaîne s’en sont défendus, arguant une hausse des cours des facteurs de production sur le marché. Pour les dissuader dans le
projet, le ministre du Commerce avait menacé de fermer des usines de production si la hausse des prix était effective. Dans l’agro-alimentaire, un autre bras de fer s’est récemment déclaré avec le principal importateur de poisson. Les prix d’un carton de maquereau était passé de 22 000 francs à 30 000 francs CFA voire même à plus.
Une quinzaine de poissonneries fermées de l’opérateur économique avait été fermée. Mais le propriétaire s’en était aussi défendu, se basant entre autre sur la loi régissant l’activité commerciale, mais aussi sur le fait que les tracasseries engendrées par les restrictions sanitaires ont augmenté le prix de cette denrée alimentaire. Les poissonneries ont été rouvertes, mais le poisson reste toujours aussi cher, vendu à des prix bien supérieurs à ceux homologués par le ministère du Commerce.
Au-delà de la conjoncture, la défaillance du régulateur
Les prix des produits de grande consommation sont homologués au Cameroun par le ministère du Commerce avec les acteurs des différentes filières. Pour s’assurer de leur application effective, le ministère du Commerce tient une brigade de contrôle et de répression de la fraude. C’est cette direction qui gère le contrôle des prix sur le terrain, à travers les agents contrôleurs de prix. Mais ceux-ci peinent généralement à contrôler, du fait entre autres de la corruption, mais aussi des moyens limités de contrôle dont ils disposent, pour traquer les acteurs de la fraude qui multiplient les stratégies pour se dérober aux prix en vigueur. Toutefois, certains économistes pensent que pour mieux réguler le marché camerounais, l’Etat devrait mettre en place d’autres mécanismes de contrôle. « Le contrôle devrait normalement être la deuxième mission de ce ministère après la fixation des prix. Il faut une réelle stratégie d’anticipation pour cette situation. Entre autres, l’Etat pourrait encourager les stratégies de sensibilisation régulières des commerçants, mais par-dessus tout, mettre en place un mécanisme qui permet aux commerçants de se contrôler entre eux et rendre compte », souhaite par exemple l’agroéconomiste Gildas Tiwang Ngueuleweu. « A l’aire des nouvelles technologies, l’Etat devrait déjà envisager à former les commerçants et ménages à la vérification et paye du juste prix des produits alimentaires par la mise en place des systèmes codes bar moins exigeants que les acteurs peuvent vérifier, la gravure des prix sur les emballages en gros caractère, la paye des produits alimentaires de grande consommation par des moyens traçables uniquement comme le service mobile money du téléphone », explique t-il.
Canicha Djakba

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