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Comment l’État du Cameroun a sauvé la NFC Bank de la faillite

La National Financial Credit Bank (NFC Bank) a vécu plus de douze années sous le contrôle direct des autorités de régulation. Dès 2012, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), régulateur du secteur bancaire dans la zone Cemac, place l’établissement sous administration provisoire afin d’éviter sa liquidation. L’État camerounais, actionnaire indirect à l’époque, est progressivement amené à prendre le relais, face à l’urgence de préserver l’épargne des déposants et de garantir la stabilité du système bancaire national.

Trois facteurs majeurs ont conduit l’État à intervenir directement dans la restructuration de la NFC Bank. Premièrement, l’insolvabilité persistante de la banque menaçait sa viabilité, avec des pertes cumulées et un déséquilibre structurel de son bilan. Deuxièmement, l’établissement avait une forte implantation dans des zones à risques, notamment les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, affectées par la crise sécuritaire. Enfin, la Cobac exigeait un redressement immédiat sous peine de mise en liquidation pure et simple.

C’est dans ce contexte que le président de la République a autorisé, en février 2021, la mise en œuvre d’un plan de sauvetage d’un montant total de 29,1 milliards FCFA. Toutefois, les décaissements effectifs s’élèveront finalement à 24,753 milliards FCFA, selon les chiffres actualisés du ministère des Finances.

Une stratégie articulée autour de six axes

Le plan de restructuration dévoilé en 2019 a été structuré autour de six leviers principaux. Il s’est d’abord agi pour l’État de racheter la banque au franc symbolique, avant d’engager une série de mesures techniques telles que l’apurement des pertes, l’assainissement du bilan, la couverture de l’insuffisance d’actifs, la recapitalisation de l’établissement, et enfin, la sortie progressive du capital social de la banque.

Pour la mise en œuvre, l’État a mobilisé trois enveloppes budgétaires distinctes. 2,753 milliards FCFA ont servi à racheter des créances douteuses transférées à la Société de recouvrement des créances du Cameroun (SRC) ; 12,007 milliards FCFA ont été utilisés pour combler l’insuffisance d’actifs ; 9,992 milliards FCFA ont permis la recapitalisation de l’établissement.

Ce soutien massif a été conditionné à des obligations strictes de performance et de gestion, à travers la signature d’un contrat d’objectifs avec les dirigeants.

L’impact du plan de restructuration est rapidement perceptible. Depuis 2017, la NFC Bank enregistre des résultats nets positifs, avec un bénéfice cumulé de 13 milliards FCFA sur huit exercices consécutifs. Entre le début du redressement et la levée de l’administration provisoire, les dépôts ont crû de 41 %, atteignant 137 milliards FCFA.

Les crédits bruts ont également progressé de 7 %, pour s’établir à 99 milliards FCFA. Le total bilan de la banque a presque doublé, passant de moins de 100 milliards FCFA à 192 milliards FCFA. Quant aux fonds propres nets, ils s’élèvent à 15,8 milliards FCFA, garantissant le respect des exigences prudentielles imposées par la Cobac.

Une gouvernance redéfinie

La fin de l’administration provisoire, annoncée par la Cobac le 26 juin 2025, s’est accompagnée de la mise en place d’une nouvelle équipe dirigeante validée par la même institution. Julius Manjo Berdu, qui avait assuré l’intérim en tant qu’administrateur provisoire, a été confirmé au poste de directeur général. Il est secondé par Aelred Tata Fokwen, directeur général adjoint.

Le conseil d’administration est désormais composé de dix membres, dont quatre administrateurs indépendants, tous validés par un avis de non-objection de l’autorité de supervision bancaire. Ce nouveau dispositif institutionnel est assorti d’un mécanisme de suivi des engagements à travers un comité paritaire entre l’État et la banque.

Au terme du processus de restructuration, l’État camerounais détient désormais 99,93 % du capital de la NFC Bank, soit une participation de 9,9927 milliards FCFA. Les anciens actionnaires, désormais ultra-minoritaires, ont injecté 7,3 millions FCFA lors de la recapitalisation, soit 0,07 % du capital.

Ce niveau de participation reflète le poids de l’investissement public dans le sauvetage de la banque, mais ouvre également la voie à un retrait progressif, à travers une cession future des parts, comme cela a été le cas dans d’autres opérations similaires conduites dans le passé.

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