Change de devises: un business juteux

Ce secteur compte désormais parmi ses membres des personnes aux profils divers, prestataire de services internet, étudiant et des employés des boulangeries en quête de ressources supplémentaires pour arrondir leur fin du mois.

Change de devises : un business juteux

S’ils se comptaient par dizaine il y a quelques années, les cambistes sont désormais estimés à plus d’une centaine dans la ville de Yaoundé. « Avant, ceux qui exerçaient ce métier étaient traités avec dédain. Mais aujourd’hui, la situation de pénurie de devises actuelle, fait que les bénéfices qu’on y   engrange attirent de plus en plus de personnes », confiait vendredi dernier Roland P, cambiste. « La profession est même déjà infestée par des personnes qui exercent d’autres fonctions », renseignait Roland P. Le cas de Sirène B, soustraitante   des produits internet de la Cameroon Télécommunications (Camtel), est assez illustratif. Elle ne s’est pas privée du plaisir d’ajouter à son curriculum vitae la fonction de cambiste. « J’ai appris par le truchement d’un voisin que la vente des devises est de plus en plus juteuse, je me suis   dit pourquoi ne pas me lancer dans cette activité pour multiplier mes sources de revenus ».   Désormais donc, bandoulière accrochée autour du cou, Sirène B fait le tour des administrations et autres institutions internationales basées à Yaoundé pour proposer des devises à ses clients autrefois acquis pour la vente d’internet. « Je profite du renouvellement des abonnements des forfaits internet pour leur proposer les devises ». A quel prix ? « 790 francs l’euro et 645 francs le dollar », lance-t-elle, sourire aux lèvres. « Tout compte fait, quand je parviens à convaincre certains fonctionnaires du système des Nations Unies qui vont en mission hors du Cameroun, je peux me retrouver avec 10.000 voire 30.000 par jour ».   Armand P, étudiant en Master, Sciences politiques  à l’Université de Yaoundé II-Soa, est un cambiste occasionnel. « Moi j’exerce beaucoup plus du côté de l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen. Mes cibles sont principalement les voyageurs. Quand un client est pressé d’embarquer, je peux lui vendre l’euro à 790, parfois 800 francs CFA », confesse-t-il. « Cela me permet d’épargner au moins   20.000 francs CFA tous les mois pour financer   mes travaux de recherche », explique-t-il. D’ailleurs, ajoute-t-il, « j’ai des collègues qui travaillent dans les boulangeries dans la nuit, mais   qui viennent ici en journée pour arrondir les fins   du mois ». Et de conclure, « la conjoncture   actuelle nous impose de nous adapter à certaines   situations vous savez. On n’y peut rien », conclu-t-il, flegmatique.

Par Junior Matock (Défis Actuels No 408)    

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