Chiffré à 8816,4 milliards de francs CFA, le projet de loi de finances 2026 déposé ce 26 novembre à l’Assemblée nationale affiche une progression notable du budget de l’État, dans un contexte international toujours marqué par l’incertitude mais où le Cameroun projette un regain de dynamisme économique.
Selon l’exposé des motifs présenté aux députés, l’économie mondiale devrait connaître une croissance de 3,1 % en 2026, légèrement inférieure à celle de 2025. La zone CEMAC présente une meilleure résilience, avec une accélération annoncée de l’activité économique, le taux de croissance passant de 2,6 % en 2025 à 3,3 % en 2026.
Au niveau national, les projections sont favorables. La croissance économique du Cameroun pourrait atteindre 4,3 % en 2026 contre 3,9 % en 2025, portée principalement par les performances du secteur non pétrolier. Le secteur pétrolier connaîtrait quant à lui une légère contraction de 0,1 %. L’inflation poursuivrait sa décrue et se situerait autour de 3 %, après 3,2 % un an plus tôt.
Pour accompagner cette dynamique, le gouvernement propose un budget de 8 816,4 milliards FCFA, contre 7 335,9 milliards en 2025, soit une augmentation de 1 080,5 milliards représentant une hausse de 14 %. Le budget général atteint 8 683,9 milliards, tandis que les Comptes d’Affectation Spéciale montent à 132,5 milliards, presque le double des prévisions de l’exercice précédent. Les recettes internes sont estimées à 5 887 milliards, composées des recettes pétrolières et gazières, des recettes fiscales et douanières qui représentent la plus grande part, des recettes non fiscales ainsi que des dons.
Les dépenses publiques hors principal de la dette s’élèvent à 6 210,5 milliards en 2026, en progression de 10 %. Elles intègrent les dépenses de personnel, les biens et services, les transferts et subventions, les intérêts de la dette et les investissements publics. Le Budget d’Investissement Public représente 35,7 % des dépenses primaires mais voit sa part dans le budget global reculer à 22,8 %.
Le solde global demeure déficitaire, atteignant 631 milliards, contre 309,9 milliards en 2025. Avec l’amortissement de la dette, le remboursement des crédits de TVA, le paiement des arriérés intérieurs et les sorties de trésorerie, le besoin total de financement pour 2026 s’élève à 3 104,2 milliards, soit près de 800 milliards de plus que l’exercice précédent. Pour couvrir cet écart, le gouvernement envisage le recours aux prêts-projets, aux titres publics, aux financements bancaires, aux appuis budgétaires, aux financements exceptionnels et aux emprunts extérieurs pour un montant d’un trillion de francs CFA.
Le projet introduit également plusieurs innovations structurelles. Il supprime les chapitres communs au profit de deux dotations logées respectivement au ministère des Finances et au ministère de l’Économie, revoit la présentation budgétaire de certaines institutions de souveraineté, applique entièrement la nouvelle nomenclature budgétaire et transforme le Fonds de reconstruction des régions touchées par les crises en deux mécanismes distincts pour améliorer l’efficacité.
Conformément aux engagements du Chef de l’État lors de sa prestation de serment, un Fonds spécial dédié à l’autonomisation économique des femmes et à la promotion de l’emploi des jeunes est créé, doté d’une enveloppe de 50 milliards de FCFA.
Le gouvernement affirme que la politique budgétaire demeure alignée sur les exigences de convergence de la CEMAC et sur les objectifs de la SND30. Le texte est désormais entre les mains du Parlement, appelé à examiner les équilibres et choix stratégiques qui guideront l’action publique en 2026.






