Bolloré.plus de 400 employés pris dans leur propre piège

Démissionnaires, ils ont finalement été licenciés, malgré leur rétraction et sont en voie de perdre certains droits.

Dans deux filiales du groupe Bolloré à Douala, 430 personnes sur plus de 800  manquent à l’appel chaque matin. Ils n’ont plus accès aux locaux de Bolloré Transport & Logistics Cameroun (BTL) et Socopao. Plus de 100 parmi eux ont reçu la notification de leurs départs le 31 janvier dernier.  Le reste, le 2 février par voie d’huissiers de justice. Leurs badges d’accès aux entreprises sont verrouillés  ainsi que leurs machines. Un mouvement d’humeur a même eu lieu au lendemain de la notification des premières lettres de licenciement, à l’initiative du Syndicat des employés du transit, des sociétés du secteur maritime et activités connexes du Cameroun (Setrasosmacc).

En effet, selon des sources internes, ces employés avaient manifesté leur volonté de quitter le groupe Bolloré qui a été racheté par MSC en décembre 2022. Saisi, l’inspection du travail a pris acte de leur décision de partir et a recommandé à Bolloré de respecter les dispositions de l’article 42 du Code du travail. Ce texte dispose notamment que « s’il survient une modification dans la situation juridique de l’employeur, notamment par succession, vente, fusion, transformation de fonds, mise en société, tous les contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel entrepreneur et le personnel de l’entreprise ».  Sauf en cas de changement de l’activité de l’entreprise ou lorsque les travailleurs expriment, devant l’inspecteur du travail du ressort, « leur volonté d’être licenciés avec paiement de leurs droits, avant la modification ». Or pour Bolloré, la cession des actifs à MSC n’induit aucun changement juridique  et donc  cette disposition ne peut être appliquée.  Bolloré  a donc simplement décidé de  « que les travailleurs ayant souhaité faire valoir leur droit d’option puissent être libérés de leurs relations contractuelles, conformément à l’article 42. La liste des travailleurs concernés nous a de ce fait été transmise. Toutes les dispositions seront prises afin de donner une suite à leurs demandes dans les plus brefs délais », écrit l’entreprise à l’inspection du travail,  avant de servir  les  lettres de licenciement le 31 janvier 2023.

Pourtant, apprend-on de sources fiables,   ces employés dans leur démarches, espéraient démissionner puis être réembauchés après avoir perçu des primes de séparation.  Après cette réaction inattendue de l’entreprise, beaucoup ont écrit des lettres de rétractation. Mais, ces lettres n’ont été prises en considération ni  par l’inspection du travail ni  par l’employeur qui avait déjà vu en eux le désir de quitter le bateau. L’employeur procède ces jours-ci au virement des soldes de tout compte. Les syndicalistes continuent de crier à  l’abus .  « Jusqu’à ce que les parties signent un procès-verbal total de conciliation devant l’inspecteur du travail, l’employé qui a souhaité partir peut encore renoncer à rompre son contrat de travail. Mais, lorsqu’on vient subitement sur le lieu de travail lui notifier son licenciement avec des huissiers de justice, lorsqu’on désactive aussitôt son badge, vous imaginez ce que ça peut créer au plan psychologique ?  », s’indigne Jean Marie Yossa, président du Setrasosmacc.

Pour l’heure, les activités sont paralysées au sein de ces deux filiales.  Ce samedi 04 février 2023, un sous-directeur  chez Bolloré nous confie  avoir joué le chauffeur de service. Obligé de travailler pour plus de la moitié des membres de son équipe mise à l’écart.

Le groupe projetterait de recruter 150 personnes pour remplacer les 430 démissionnaires. Et, il ne serait  en aucun cas admis les  dossiers des anciens personnels, nous dit-on. Le ministre du travail a convoqué les parties pour une réunion la semaine prochaine.

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