L’avancée du projet de bauxite de Minim Martap, dans la région de l’Adamaoua, dépend désormais de décisions institutionnelles. La société australienne Canyon Resources, qui pilote le projet, attend les validations finales pour acter l’entrée dans son capital du groupe financier camerounais Afriland, une pièce maîtresse du plan de financement.
Selon un communiqué de l’entreprise daté du 7 novembre 2025, cette opération est soumise à plusieurs avals. « La tranche Afriland nécessite l’approbation de la Banque des États de l’Afrique Centrale (Beac), la banque centrale de la CEMAC, de la Commission de Surveillance du marché financier de l’Afrique Centrale (Cosumaf), le régulateur du marché pour la CEMAC, et du gouvernement camerounais », a précisé Canyon. Ces approbations sont décrites comme étant « toujours en cours». Cet investissement s’inscrit dans une levée de fonds plus importante, annoncée fin septembre 2025, et destinée à accélérer le développement du gisement. Le montant total s’élève à 215 millions de dollars australiens (environ 85,3 milliards de FCFA). Il combine un placement en deux tranches et l’exercice d’options par le principal actionnaire, Eagle Eye Assets (EEA), qui détient 56,5% du capital.
La première tranche, d’un montant de 36 millions de dollars australiens, est déjà finalisée. C’est la seconde tranche, d’un montant de 170 millions de dollars australiens, qui est en attente de validation. Elle est subdivisée en deux opérations distinctes. 100 millions apportés par EEA et jusqu’à 70 millions par Afriland Bourse & Investissement, une filiale du groupe Afriland First Bank. Si l’opération est menée à son terme, Afriland deviendrait un actionnaire de référence avec 10,1% du capital de Canyon. « La deuxième tranche de la levée de capitaux, comprenant un placement de 100 millions de dollars australiens auprès d’EEA et un placement de 70 millions de dollars australiens auprès d’investisseurs de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) entrepris par Afriland Bourse & Investissement, reste soumise à l’approbation des actionnaires.
En outre, la tranche Afriland nécessite l’approbation de la Banque des États de l’Afrique Centrale, la banque centrale de la CEMAC, de la Commission de Surveillance du marché financier de l’Afrique Centrale, le régulateur du marché pour la CEMAC, et du gouvernement camerounais, qui est toujours en cours », peut-on lire dans le communiqué publié par Canyon Resources. L’assemblée générale des actionnaires de Canyon, prévue le 25 novembre 2025, doit elle aussi se prononcer sur cette transaction. Le principal partenaire financier, Eagle Eye Assets, a réaffirmé son soutien. « Nous nous réjouissons de maintenir notre solide partenariat avec Canyon alors qu’il continue d’avancer sur les jalons clés du projet à court terme et de finaliser la prochaine phase de financement par capitaux propres de 100 millions de dollars australiens dans le cadre de la Tranche 2», a déclaré EEA.
Malgré des retards mineurs signalés sur certains travaux de construction, Canyon Resources se veut rassurante sur le calendrier global. Le PDG, Peter Secker, a affirmé que la société était sur la bonne voie pour respecter ses échéances. « Canyon est bien financée suite aux récentes levées de capitaux, qui nous ont permis de sécuriser l’engagement d’articles clés à long délai d’obtention tels que les locomotives et les wagons, qui seront livrés à temps au premier trimestre 2026 », a-t-il assuré. Les locomotives, commandées au chinois CRRC Ziyang, sont effectivement en cours de fabrication et leur livraison est prévue pour le premier trimestre 2026, tout comme celle des wagons de marchandises. Ces livraisons sont cruciales pour respecter l’objectif de première expédition de minerai au deuxième trimestre 2026.
Le projet Minim Martap bénéficie également d’un financement par la dette, avec une facilité d’environ 140 millions de dollars obtenue auprès de la Banque AFG Cameroun. Canyon Resources affirme que le projet est « entièrement financé jusqu’à la production de Phase 1». La poursuite des travaux sur le terrain intervient dans un contexte national marqué par des tensions politiques suite à la réélection contestée du président Paul Biya. Cependant, la société minière indique que ses activités n’ont pas été significativement perturbées. EEA a corroboré ce point en déclarant : « Suite à la récente élection présidentielle au Cameroun, les travaux sur le projet Minim Martap de la société se sont poursuivis sans perturbations significatives ».
Ainsi, l’horizon de Canyon Resources pour son projet camerounais semble désormais tributaire des décisions des institutions financières et gouvernementales. L’obtention des accords de la Beac, de la Cosumaf et de l’État camerounais est le dernier verrou à faire sauter pour finaliser l’arrivée d’Afriland au capital et débloquer l’intégralité des fonds nécessaires à la concrétisation de ce projet minier d’envergure.







