Barrages hydroélectriques : entre avancées et reculades

Tandis que les travaux sont sur la bonne voie du côté de Nachtigal et Menchum, la construction de la ligne d’évacuation du barrage de Memve’ele n’est toujours pas achevée et Mekin est en arrêt du fait d’une panne.

Barrages hydroélectriques : entre avancées et reculades

Le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Gaston Eloundou Essomba n’a de cesse de se triturer l’esprit pour trouver des solutions aux problèmes de délestage auxquels font face les populations du Cameroun. Récemment, il a tenu à éclairer la lanterne des uns et des autres, à travers une interview accordée au quotidien gouvernemental. Gaston Eloundou Essomba dont le département ministériel conduit ces dernières années plusieurs projets dans le domaine de l’énergie électrique, a saisi cette opportunité pour faire le point sur la construction des barrages hydroélectriques dont la mission principale est de permettre aux populations de sortir « définitivement » de l’obscurité. En ce qui concerne l’aménagement hydroélectrique de Lom Pangar, le Minée a tenu a rappelé la fonction principale de cet ouvrage qui est celle de « constituer, pendant la saison pluvieuse, des réserves d’eau dans sa retenue pour augmenter, pendant l’étiage, les débits naturels du fleuve Sanaga et ainsi, maintenir et accroître la productivité des centrales de production situées en aval (Songloulou et Edéa) pendant cette période d’étiage ». Il a ajouté que la construction du barrage réservoir, d’une capacité de 6 milliards de m3, est achevée depuis 2017 et sa mise en eau permet, depuis lors, « de garantir une puissance supplémentaire de 150 MW et ainsi, de diminuer les délestages en période d’étiage, au profit de nos populations et de l’économie camerounaise bien évidemment ». Sur le même sujet, Gaston Eloundou Essomba a ajouté que les travaux de construction de l’usine de pied attenante audit barrage, d’une durée de 34 mois, ont commencé depuis mars 2019 ; quant à la construction des lignes de transport de 100 km entre Lom Pangar et Bertoua et du poste d’interconnexion de Bertoua et des ouvrages connexes, les dossiers d’exécution des travaux ont été validés par le bureau d’études Cima. La réalisation de ces ouvrages permettra l’arrêt de la centrale thermique de Bertoua et l’alimentation pérenne des populations de la région de l’Est en énergie électrique, a-t-il tenu a précisé. Barrages hydroélectriques : entre avancées et reculades

Lom Pangar : la construction de l’usine de pied se poursuit

Par ailleurs, outre les ouvrages sus-évoqués, le Minée a également indiqué, pour ce qui est des barrages de Nachtigal Amont, Bini à Warak et Menchum, que les travaux ont démarré ou sont en phase de démarrage. A Nachtigal par exemple, a-t-il souligné, « après le bouclage financier depuis le 28 décembre 2018, les travaux de construction de l’aménagement hydroélectrique de Nachtigal Amont, d’une puissance de 420 MW, associée à une ligne de transport d’électricité de 400 kilovolts, ont effectivement démarré le 1er février 2019, pour une mise en service de la première turbine dès octobre 2022, la mise en service définitive du barrage étant prévue en 2023 ». D’après le Minée, « la réalisation à bonne fin de ce projet permettra, à court terme, d’améliorer la fourniture, en quantité et en qualité, de l’énergie électrique dans l’ensemble du Réseau Interconnecté Sud (RIS) » ; et, à long terme, « le surplus de l’énergie produite sera injecté dans les Réseaux Interconnectés Est (RES) et Nord (RIN), à travers des lignes dédiées de 225 KV ». De même, a-t-il poursuivi, « la construction de la ligne Yaoundé –Abong Mbang a déjà commencé pour le RIS, tandis que la ligne Nachtigal–Tibati-Ngaoundéré pour le RIN a, quant à elle, déjà obtenu le financement de la Banque Mondiale ». Pour ce qui est de l’aménagement hydroélectrique sur le fleuve Menchum, pour une capacité de 72 MW, avec une ligne associée de transport d’électricité de 90 KV, les études d’avant-projet détaillé se poursuivent, le contrat commercial ayant déjà été signé ; cependant, les problèmes sécuritaires dans le Nord-Ouest constituent pour l’instant une entrave pour la mise en œuvre ce projet, a indiqué Gaston Eloundou Essomba. Si sur les précédents ouvrages, les travaux évoluent plus ou moins sereinement, Memve’ele, Mekin et Bini à Warak rencontrent quelques difficultés.

Nachtigal, Bini à Warak, Menchum : sur la bonne voie

Evoquant le cas du barrage de Memve’ele d’une capacité de 211 MW, le Minée a rappelé que la centrale a été mise sous tension depuis le mois d’avril 2019, la mise en service définitive étant prévue au 31 décembre 2020. Cependant, a précisé Gaston Eloundou Essomba, « bien que sa ligne d’évacuation ne soit pas encore achevée », ledit ouvrage injecte actuellement 65 MW par jour dans le Réseau Interconnecté Sud, à travers une ligne provisoire, via le poste de Mbalmayo, au grand soulagement des populations de la Région du Sud, en particulier celles d’Ebolowa pour lesquelles les délestages intempestifs sont désormais un triste souvenir. Cette mise en production partielle a permis, selon Gaston Eloundou Essomba, « le démantèlement des centrales thermiques d’Ahala Oyom Abang, Mbalmayo et Ebolowa, générant des économies dans la facture des combustibles de l’ordre de 350 millions de F par semaine. Des diligences et des essais de montée en puissance au niveau de la centrale sont en cours par la Sonatrel, tendant à augmenter cette puissance à 75 MW ».

Barrage de Memve’ele : la ligne d’évacuation n’est toujours pas achevée

Si la ligne d’évacuation n’est pas encore achevée à Memve’ele, Mekin est « en arrêt depuis plusieurs mois à cause d’une panne de la bobine du point neutre », a déclaré le Minée. Toutefois, a-t-il martelé, « la société Hydro Mekin qui en charge des travaux est en cours d’acquisition d’une pièce de remplacement ». Il y a lieu de souligner que Mekin a une capacité de 15 MW, et elle a été mise sous tension depuis avril 2019.

Mekin : en arrêt temporaire du fait d’une panne

L’autre site qui connait des difficultés est le barrage hydroélectrique de Bini à Warak. D’une capacité installée de 75 MW, associée à une ligne de transport d’électricité de 225 KV, l’entreprise Sinohydro, en charge des travaux, est installée sur le chantier et a commencé à réaliser un certain nombre de prestation, informe Gaston Eloundou Essomba. Cependant, l’entreprise s’est démobilisée, parce que le partenaire financier n’a pas libéré les fonds d’avance de démarrage. Mais, selon le Minée, « les négociations sont en cours avec ledit partenaire au niveau du ministère de l’Economie, et nous osons espérer que les travaux pourraient reprendre dans les tout prochains jours ».

Par Junior Matock (Défis Actuels 469)

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