Banques: Les faiblesses du système bancaire camerounais

Selon le dernier rapport du Fonds monétaire international, la conformité aux ratios prudentiels est très variable d’une banque à l’autre, tandis que le taux de créances en souffrance s’est encore détérioré et atteind désormais 15 %.

Les faiblesses du système bancaire camerounais.

Dans son dernier rapport sur la situation économique du Cameroun, le Fonds Monétaire International (FMI) a livré son diagnostic sur le système bancaire du pays. Ainsi a-t-on appris que de nombreuses faiblesses contribuent à fragiliser les banques. Le FMI note par exemple que « la conformité aux ratios prudentiels est très variable d’une banque à l’autre ». Et que quatre banques, qui représentent à elles seules 13 % du total des actifs bancaires, sont en difficulté. Pire, insiste le FMI, « trois d’entre elles ont des fonds propres négatifs ». C’est-à-dire que les capitaux propres de ces banques sont inférieurs à la moitié du capital social dont elles disposent. En outre, ajoute le FMI, « le ratio structurellement élevé de créances en souffrance au Cameroun s’est encore détérioré au premier trimestre de 2018 pour atteindre 15 % ». Autrement dit, le volume de dette non remboursée évolue de manière croissante. Ce qui, de l’avis des spécialistes du secteur bancaire, n’est pas nature à encourager, à l’avenir, l’octroi des crédits à une clientèle qui se caractérise de plus en plus par son insolvabilité. Le FMI se veut d’ailleurs formel sur ce point lorsqu’il indique que « ce facteur, couplé avec le fléchissement de l’activité, continue d’entraver le développement du crédit au secteur privé, lequel est passé de 14 à 2 % (variation annuelle) entre 2014 et mars 2018 ». Dans cette perspective, les secteurs les plus touchés par les créances en souffrance, précise le FMI sont le bâtiment, l’industrie extractive, la finance et les services, de même que les Petites et Moyennes Entreprises qui ont 39 % de créances douteuses. Et ce n’est pas tout. Toujours d’après le FMI, « l’exposition des banques au risque souverain s’est elle aussi fortement accrue, passant de 11,2 % à 16,9 % du total des actifs en 2014-17 », et ce parce que la plupart des gouvernements de la sous-région Afrique Centrale ont eu un recours accru aux émissions obligataires pour financer leurs déficits croissants.

Un système bancaire résilient malgré tout

Cependant, renseigne le FMI, le système bancaire reste globalement résilient au double choc (prix du pétrole et sécurité), avec une amélioration des ratios prudentiels. Selon les explications de l’Institution que dirige Christine Lagarde, « après être retombé à 9 % à fin 2016, le ratio de fonds propres de l’ensemble du système est remonté à 10,7 %, restant au dessus du minimum réglementaire de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale de 8 % ». En clair, les banques restent rentables. Parce que « les conditions de liquidité se sont améliorées depuis la mi 2017 grâce au desserrement de la contrainte de liquidité du gouvernement après les décaissements des appuis budgétaires ». Aussi, le refinancement de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) est retombé à 72 milliards de francs CFA à fin 2017, soit une amélioration par rapport à la forte demande de liquidité qui avait atteint le plafond (200 milliards de FCFA) pendant une grande partie du premier semestre 2017.

Par Junior Matock

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