« Je suis heureuse que Monsieur le Premier ministre ait donné des consignes pour que toutes les conditions soient réunies afin que ces travaux démarrent dès avril 2024. » Ces mots sont ceux de Célestine Ketcha Courtes, ministre de l’Habitat et du Développement urbain. Elle s’exprimait ainsi dans les colonnes de Cameroon Tribune, quelques jours après un conseil de cabinet tenu le 29 février 2024.
Cette déclaration empreinte d’enthousiasme était une réponse à notre confrère qui tentait de savoir quand aurait lieu le démarrage effectif des travaux de la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen.
Plus d’un an après cette sortie, le Minhdu, qui se félicite d’avoir au moins amorcé, sur fonds propres, des travaux préliminaires comme le recalibrage du lit du Mfoundi derrière le Bois Sainte-Anastasie — où doit passer l’autoroute — ne peut toujours indiquer avec exactitude quand La construction débutera.
Toutefois, depuis le mois de novembre, tant lors de son passage devant le Parlement que dans son programme de performance pour l’exercice 2026, Célestine Ketcha Courtes répète que les travaux du lot I, qui va de l’échangeur Ahala à l’échangeur Trois-Statues en passant par Obam-Ongola, débuteront en 2026. Cette assurance découle d’une avancée majeure enregistrée en novembre.
En effet, le financement qui semblait être le principal verrou a été partiellement levé le 18 novembre 2025, lorsqu’un décret présidentiel a autorisé la signature d’une combinaison de prêts représentant environ 154,4 milliards de FCFA pour le seul premier lot, entre l’échangeur Ahala et le carrefour Trois-Statues. Ce montage inclut un crédit acheteur de 136,3 milliards de FCFA et un crédit commercial de 18,10 milliards de FCFA contractés auprès de MUFG Bank Londres.
Lors d’une séance de travail organisée au Minhdu le 9 décembre 2025, Célestine Ketcha Courtes a même laissé entendre que la signature des conventions de prêt était imminente, même s’il faut encore, pour atteindre cette conclusion heureuse, boucler les derniers réglages. « En guise de recommandations, des plannings doivent être proposés, et les procédures accélérées, afin que la convention de financement soit signée, et que les travaux puissent effectivement démarrer en début d’exercice 2026 », souligne le compte rendu du Minhdu.
Une fois cette étape franchie, le projet devra encore satisfaire un certain nombre de préalables dont le bouclage conditionne le démarrage effectif des grands travaux. Le Minhdu cite notamment l’acquisition du visa de maturité. Ce document est une attestation de préparation avancée, prouvant que le projet est « prêt à être lancé » sur les plans technique et financier, condition indispensable pour débloquer les financements.
Cela signifie, au sens du décret du 17 juin 2025 fixant les règles régissant le processus de maturation des projets et d’investissement public, que l’étude d’impact environnemental, les plans de masse, de construction et d’aménagement, ainsi que les études techniques (faisabilité, plan directeur, etc.) doivent encore être validés par les autorités compétentes afin d’obtenir ce quitus.
Le Minhdu attend également la publication du décret d’indemnisation, huit mois après que le président de la République, par un décret, a classé les terrains nécessaires au projet dans le domaine public artificiel de l’État, une étape juridique essentielle pour l’expropriation et l’indemnisation conformément à la réglementation en vigueur.
Selon toute vraisemblance, et d’après des informations obtenues auprès de sources proches du dossier, la publication dudit décret serait retardée par l’absence de financements pour les indemnisations et par un désaccord sur la partie devant supporter ces coûts. Pourtant, selon la même source, une clause contractuelle précise que cette obligation incombe à l’entreprise chargée des travaux.
La conclusion heureuse de ces deux opérations conditionne l’inscription du projet dans le Cadre de dépenses à moyen terme (CDMT), ainsi que l’obtention de l’avis favorable de la Commission de la dette publique, qu’attend avec impatience le Minhdu. Autant d’éléments susceptibles de retarder le début effectif des travaux.
Malgré cette peinture un peu pessimiste, quelques progrès ont tout de même été enregistrés. L’adoption d’un décret présidentiel en avril 2025 a permis de classer en domaine public artificiel les terrains indispensables à la réalisation des travaux.
« Cette mesure a enclenché les procédures d’expropriation pour cause d’utilité publique, un acte essentiel pour sécuriser les emprises touchant une cinquantaine de titres fonciers», souligne le Minhdu, qui ne donne aucune indication sur l’état d’avancement des opérations de mobilisation des financements nécessaires à la réalisation des deux autres lots.
Pour mémoire, la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen est longue de 12,3 km. Elle part de l’échangeur Ahala, situé dans l’arrondissement de Yaoundé III, pour rejoindre la sous-préfecture de Tsinga dans la commune de Yaoundé II, en passant par la Poste centrale. Le projet a été subdivisé en trois lots.
La construction du premier tronçon, qui va de l’échangeur Ahala à l’échangeur Trois-Statues en passant par Obam-Ongola sur un linéaire de 6,2 km, a été confiée à l’entreprise Buns. Quant aux lots 2 (Trois-Statues – Poste centrale) et 3 (Boulevard du 20 Mai – Carrefour Tsinga), ils ont été attribués à Razel.
D’après le Document de programme d’investissement prioritaire (PIP) 2024-2026, les travaux, qui en principe doivent débuter cette année, vont s’achever en 2027, pour un coût global de 379 milliards de FCFA.







