Assemblée nationale : Majorité parlementaire : la difficile équation de l’opposition

Alors qu’elle reste l’unique moyen d’équilibrer le jeu démocratique, la possibilité d’une majorité de l’opposition à l’Assemblé nationale semble encore éloignée. Car l’opposition peine toujours à convaincre l’électorat. Par Joseph Essama

Comme depuis toujours, le pouvoir politique au Cameroun reste concentré entre les mains d’un seul parti. Les raisons : le Rdpc contrôle les pouvoirs exécutifs et législatifs. Au niveau du pouvoir exécutif, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais continue de dicter sa loi. Au sommet de la pyramide, un président de la République « vieux » de 37 ans de pouvoir et qui au-delà des droits que lui confère la constitution dirige avec une bonne dose de paternalisme. Au sein du gouvernement, la quasi-totalité des ministres qui sont membres du Rdpc, exécutent, sans avoir mot à dire, les ordres qui leur viennent du chef de l’exécutif.

Au parlement, Cavaye Yéguié Djibril et ses camarades font la loi depuis 1992. Aucune concession n’est faite à l’opposition, qui même lorsqu’elle semble proposer des lois favorables à tous est obligé de subir le diktat du parti majoritaire à l’Assemblée. A côté de cela, tous les projets de loi de la majorité, même lorsqu’ils présentent une menace pour la stabilité sociale, passent comme des lettres à la poste. La plupart des députés du parti au pouvoir, sacrifient parfois leurs propres convictions, au nom de la solidarité du parti. Ce fut le cas en 2008, lorsqu’envers et contre tout, ils ont réussi à lever le verrou sur la limite du mandat présidentiel. La conséquence de toute cette « démocratie », qui s’assimile à la fin à une dictature de la majorité, est l’uni polarisation de la société. Comment donc réussir à ôter une parcelle de pouvoir à ce régime qui, au nom de la démocratie politique, régente tout ? C’est la question que se posent plusieurs Camerounais, au lendemain d’une élection présidentielle où le Rdpc vient encore de rempiler, la magistrature suprême pour la 7e fois consécutive.

Plusieurs experts en sciences politiques et en droit constitutionnel s’accordent à dire que ce n’est qu’en contrôlant le parlement, notamment l’Assemblée nationale que l’opposition peut tenter d’équilibrer le jeu démocratique. Une équation faisable, mais très difficile au regard des forces politiques en présence. En dehors du fait qu’elle est divisée, l’opposition au Cameroun reste fragilisée par le manque de moyens. Le parti au pouvoir a réussi à mettre en place toute une machine qui tente de réduire au silence toute velléité d’opposition. Les résultats de la dernière présidentielle où l’opposition a réussi a glané plus de 20 % des suffrages, auguraient pourtant une lueur d’espoir. Le parti de Maurice Kamto était bien parti pour tout contrôler la capitale économique. Mais avec l’arrestation de ses leaders, le MRC perd de plus en plus du terrain. Cabral Libii premier dauphin de l’opposition est resté très engagé sur le terrain, mais son mouvement qui n’a pas déjà assez de leaders, capable de convaincre l’électorat au niveau local, vient lui aussi de divorcer d’avec le parti Univers qui l’a soutenu lors de l’élection présidentielle. Même avec ses 18 députés, le Sdf est plus que jamais fragilisé par la crise anglophone. Les autres partis, ayant des représentants au parlement se sont alliés pour la plupart à la majorité présidentielle. Avoir la majorité au parlement reste un gros challenge pour l’opposition. Ce challenge s’annonce difficile, mais pas impossible.

Source : Défis actuels

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