Approvisionnement : 53% de la production d’eau potable perdue au Cameroun

A cause de la vétusté du matériel, du vandalisme, de l’urbanisation et de la faiblesse des investissements, la moitié des ménages du périmètre couvert par la Camwater est privée du précieux liquide.

Endiguer le phénomène des eaux perdues

Eau potable pour tous. La promesse du gouvernement est loin d’être une réalité au Cameroun, du moins pour l’instant. Résidant le quartier Etoudi-arrondissement de Yaoundé I-, précisément derrière la chapelle, J. Tangmi, amorce son deuxième mois sans eau coulante dans son domicile. En aménageant pourtant dans ce quartier, il y a seulement environ trois mois, il croyait être sorti de l’auberge. « J’ai déménagé du quartier Ngousso en décembre dernier à cause des coupures intempestives d’eau. A peine j’ai été, durant un mois, ravitaillé que la même galère recommence », indique-t-il. A l’origine de son problème, un tuyau de conduite d’eau de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater) qui a cédé non loin de son domicile. Les fuites occasionnées par cette conduite privent tous les ménages en contrebas d’eau coulante, depuis le mois de février dernier. En matinée, le point de fuite d’eau est devenu l’endroit où se ravitaillent certains ménages. En journée, il se transforme en laverie pour véhicules et motos. Dans ce quartier indique-t-on, l’endroit est redouté pour son humidité de jour comme de nuit. La chaussée -en terre- s’y est davantage dégradée à cause d’énormes lits que trace la coulée des eaux.

Ce cas au quartier Etoudi, est loin d’être isolé. Dans la ville de Yaoundé, les ménages privés d’eau à cause de la vétusté du matériel, en occurrence les tuyaux de conduite d’eau sont innombrables. Pis encore, ces cas ne sont pas immédiatement pris en charge par la Camwater dont les agents parcourent pourtant ces quartiers pour remettre les factures ou faire des prélèvements des indices des compteurs. « Nous les avons interpellés, en guise de réponse, un agent nous a fait savoir qu’il n’est pas technicien par conséquent il fallait s’adresser à la bonne personne ». Cela expliquerait certainement les déclarations du Dg de la Camwater à l’occasion de la célébration au Cameroun de la 20e édition de la Journée mondiale de l’eau : « aux consommateurs qui éprouvent encore des difficultés d’accès à l’eau potable, nous leur disons qu’aujourd’hui [le 22 mars, Ndlr] nous avons parlé de solidarité, c’est-à-dire que comme la ressource humaine n’est pas totalement à la hauteur des objectifs fixés, il faudrait qu’on partage les pans de consommation ». Toujours est-il qu’à cause de la vétusté des infrastructures, du vandalisme, de l’urbanisation rapide, d’une mauvaise politique des opérations de maintenance, d’une insuffisance des compétences technologiques et techniques, des contraintes financières avec une facturation inadéquate, de l’incidence des pertes commerciales élevées avec les branchements illégaux, des fraudes nocturnes, le Cameroun perd environ 53% de sa production d’eau potable. En terme financier, cela entraine une perte d’environ 37 milliards FCfa chaque année à l’Etat.
Par Jener Onana

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