Violation de la zone réservée à la pêche artisanale, violences infligées par des officiers étrangers, pillage des poissons… A travers un film, l’ONG anglaise EJF met en évidence la vulnérabilité des communautés côtières camerounaises et appelle à des mesures gouvernementales urgentes.
Malgré des avancées dans les réformes en matière de pêche, beaucoup reste encore à faire pour préserver les plus de 200000 pêcheurs que compte le Cameroun, pense Environmental Justice Foundation (EJF). L’ONG anglaise de défense du droit fondamental de l’homme à un environnement naturel sûr tire la sonnette d’alarme dans un film publié il y a quelques jours. Dans cette production réalisée dans les zones côtières du Cameroun, l’ONG met en évidence les impacts de la pêche illicite sur les riverains.
Le film présente des pêcheurs artisanaux dont les moyens de subsistance sont détruits ou menacés par des chalutiers appartenant à des étrangers qui se livrent à des activités illégales. L’une des pratiques occurrentes est la violation de la zone réservée exclusivement à la pêche artisanale. La loi dispose en effet que ces navires de pêche ne doivent pas pêcher dans les cinq milles nautiques à partir de la côte. Mais cette limite n’est pas respectée. Conséquence, les ressources sont pillées et se font rare pour les riverains. « C’est le poisson qui nous sauve. Grâce au poisson nous envoyons nos enfants à l’école. Grâce au poisson nous achetons tout ce que vous voyez ici. Mais aujourd’hui, ils ne s’arrêtent pas. Nuit, jour… Parfois ils viennent en nombre, 10 ou 12. », témoigneAbel Benson Okonniyin pêcheur.
Outre les menaces sur l’environnement, le film recense le non-respect de certains droits humains pour les ouvriers qui travaillent dans ces chalutiers. Les équipages travaillant à bord de ces navires décrivent divers abus : absence de contrat, de nourriture et d’eau insuffisantes, des violences infligées par des officiers étrangers.
EJF souligne la nécessité pour les autorités, de renforcer urgemment la transparence dans la gouvernance des pêches. Le pays a pourtant révisé sa loi sur la pêche et l’aquaculture en décembre 2024 et a adhéré à la Charte mondiale pour la transparence des pêches en avril dernier. Pour EJF, il faut plus pour que ces textes aient des effets. « Le gouvernement camerounais a pris certaines mesures encourageantes, mais il faut aller beaucoup plus loin pour garantir l’application effective de la loi, sanctionner les contrevenants et faire de la transparence la norme. Ce n’est qu’à cette condition que le Cameroun pourra assurer une pêche durable, légale et éthique. », a indiquéSteve Trent, Directeur général et fondateur d’EJF.
Il recommande notamment l’adoption urgente du décret d’application de la nouvelle loi sur la pêche, sinon les pêcheurs illégaux continueront de dévaster les moyens de subsistance des populations et les écosystèmes marins.