Agroalimentaire : pourquoi la filière banane-plantain se meurt

Avec une production fixée à 300 000 tonnes de banane et 3 millions de tonnes de plantain par an, la filière enregistre une baisse drastique depuis quelques années à cause de la crise anglophone, le manque de terre cultivable, l’amateurisme des producteurs, le manque de financement et de semences.

Depuis 2017, la filière banane-plantain enregistre une chute vertigineuse de sa production et de ses exportations. Cette année là, le cinquième producteur mondial de banane a produit environ 213 000 tonnes de bananes soit une baisse de 30 000 tonnes par rapport à 2016 où elle se situait à 243 000 tonnes. Cette tendance baissière va continuer en 2018 avec une exportation de 60 000 tonnes de banane au premier trimestre contre 78 000 tonnes un an plustôt. Et au premier semestre 2019, le Cameroun a exporté 43 721 tonnes de bananes. Ce qui représente une baisse de 61% par rapport à la même période en 2018. En effet, ces exportations situaient à 113 600 tonnes au premier semestre de l’an dernier, soit une chute de 69 879 tonnes en valeur absolue. En 2020, la tendance se poursuit toujours avec des baisses drastiques des exportations, l’Association Bananière du Cameroun (Assobacam) indiquait que 14 965 tonnes de bananes ont été produites et 13 847 tonnes exportés, contre 19 737 tonnes à la même période en 2019. Ce qui révèle un gap de 5 890 tonnes. Et pourtant le Cameroun était le premier producteur de banane dans la zone Arique-Caraibe-Pacifique en 2015 avec une production record de 278 450 tonnes.

Raisons

 D’après les experts, l’Assobacam et le Centre Africain de Recherches sur Bananiers et Plantains (Carbap), cette contre performance de la filière qui a pour objectif de production 3millions de tonnes de plantain et 300 000 tonnes de banane par an, est due à l’insécurité dans les bassins de production, la manque de superficie cultivable, la rareté des plants, le manque de financement…

L’insécurité dans les bassins De production

La crise anglophone qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016, principaux bassins de production de la banane/plantain, a fortement impacté les activités et le rendement des grands producteurs de cette zone. A titre illustratif, la Cameroon Development Corporation (CDC), 2ème producteur de banane du pays après la société des Plantations du Haut Penja (PHP), a dû abandonner la majorité de ses plantations à cause des attaques des sécessionnistes. Ceci avec pour conséquence la baisse drastique de sa production. Le deuxième employeur camerounais après l’Etat affichait des exportations nulles en septembre et octobre 2017. Ce qui a conduit à son retrait du fichier des exportateurs de banane du Cameroun en 2018. En revanche, même les sociétés Plantations du Haut Penja, filiale Camerounaise de la compagnie fruitière de Marseille et Boh Plantations restent les seules entreprises exportatrices de banane au Cameroun, leur production a également considérablement baissé.

Surfaces cultivables insuffisantes

D’après le Carbap, 70 % des cultivateurs de banane plantain ont des exploitations inférieures à 2 hectares. Jusqu’ici seules les grandes entreprises détiennent des espaces pouvant assurer une grande production.

Manque de financement, semence et formation et infrastructures…

En 2013, la demande annuelle en plants pour la production de la banane-plantain était estimée à 20 millions de plants. Selon les indiscrétions, cette demande s’est accrue de près de 20 % à ce jour. Et les semences restent toujours rares chez les petits agriculteurs. Outre le faible accès aux semences en quantité et qualité, s’ajoute le manque de financement et la faible formation des producteurs. En effet, les petits producteurs ne maîtrisent non pas des itinéraires techniques mais aussi l’utilisation des systèmes d’irrigation pour garantir la production en contre saison et garantir la régularité des produits sur le marché. L’absence d’infrastructure de conservation et de transport causent des pertes post récolte dans l’ordre de 20 à 40 %. « L’absence de professionnalisme sur l’ensemble de la chaine (semenciers, planteurs, commerçants) et de normes standard soutenues par une régulation adéquate ne leur permet pas de proposer des produits de bonne qualité, au bon moment, à la bonne place et à un prix attractif pour les consommateurs. Ces derniers se tournent par conséquent vers des aliments qui sont plus accessibles et avec une valeur nutritionnelle nettement inférieure », rapporte une source.   

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