L’inauguration, le 28 novembre 2025 à Ngolambélé dans l’arrondissement de Dimako, de la deuxième unité industrielle d’Africa Processing Company (APC) confirme la montée en puissance d’un acteur 100 % camerounais dans un segment dominé depuis des décennies par les multinationales. Présidée par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, la cérémonie a réuni plusieurs membres du gouvernement, des responsables de la filière et des opérateurs économiques, traduisant l’enjeu stratégique d’un investissement qui redéfinit progressivement l’architecture nationale de transformation du cacao. APC, fondée et dirigée par Lisette Claudia Tame Soumedjong, occupe désormais une place singulière dans le paysage industriel.
Alors que la transformation locale reste largement portée par des groupes internationaux tels que Barry Callebaut, Tiger Brands, Atlantic Cocoa ou Neo Industry, APC se distingue par un modèle de croissance appuyé sur une double implantation industrielle : un premier site à Mbankomo, mis en service en janvier 2025, et une seconde unité désormais opérationnelle à Ngolambélé. Cette configuration permet à l’entreprise de se rapprocher des bassins de production et de réduire les coûts logistiques liés à l’acheminement des fèves.
La capacité installée d’APC illustre l’ambition de sa trajectoire. L’entreprise traite actuellement environ 8 000 tonnes de cacao par an. Elle projette d’atteindre 24 000 tonnes à l’horizon 2028-2029, soit une croissance de 200 % en moins de cinq ans. Dans l’industrie du cacao, la capacité de transformation renvoie au volume annuel de fèves qu’une usine peut convertir en produits semi-finis ou finis, tels que la pâte de cacao, le beurre de cacao ou la poudre. Ces produits servent ensuite de base à l’industrie chocolatière ou cosmétique internationale.

La montée d’APC s’inscrit dans la stratégie publique de transformation locale, rappelée à Dimako par le ministre du Commerce. Le membre du gouvernement a exhorté les producteurs à privilégier la vente en circuit court, c’est-à-dire la commercialisation directe aux transformateurs sans intermédiaires, afin d’améliorer la rémunération des planteurs. Le ministre a également indiqué que le gouvernement vise l’installation d’une unité de transformation dans chaque département pour mieux structurer les flux de production et réduire la dépendance aux exportations de fèves brutes.
Le volume croissant des exportations de produits semi-finis montre d’ailleurs l’évolution du modèle camerounais : en 2024, selon les données du Minepat, le pays a exporté 61 527 tonnes de pâte de cacao pour une valeur de 210 milliards FCFA, en hausse de 115,5 % par rapport à 2023. Le beurre de cacao a atteint 24 819 tonnes pour 99 milliards FCFA, soit une progression de 78,6 % en valeur. L’implantation de Ngolambélé est alignée sur cette dynamique.
Située au cœur du bassin cacaoyer du Haut-Nyong, l’usine consolide une chaîne de valeur locale en créant des emplois techniques et industriels et en stimulant l’activité des producteurs. APC développe une gamme couvrant la poudre de cacao – naturelle ou alcalinisée –, la masse de cacao, le beurre de cacao et des produits finis destinés à la consommation directe. L’alcalinisation, un procédé chimique utilisé pour modifier l’acidité de la poudre et améliorer sa solubilité, permet à l’entreprise de répondre à des exigences spécifiques de l’industrie agroalimentaire.
L’expansion d’APC intervient dans un contexte de renforcement des incitations à l’investissement. L’entreprise fait partie des cinq sociétés industrielles ayant signé, le 13 novembre dernier, des conventions avec l’Agence de Promotion des Investissements, portant sur la création d’emplois, le développement de la production locale et l’amélioration des performances environnementales. Ces engagements soutiennent l’augmentation des capacités et l’extension géographique des implantations industrielles.







