Organisé par le groupe Jeune Afrique, en collaboration avec les autorités ivoiriennes, ce forum de haut niveau a rassemblé plus de 1 800 participants — chefs d’État, ministres, chefs d’entreprises, investisseurs et experts — autour des grands enjeux de croissance et d’intégration du continent africain. À la tribune comme en coulisses, Joseph Dion Ngute a multiplié les interventions et les rencontres, plaçant le Cameroun au cœur des débats. Placée sous le thème « Un New Deal public-privé peut-il rebattre les cartes en faveur du continent ? », l’édition 2025 de l’Africa CEO Forum entend repenser en profondeur le partenariat entre gouvernements et entreprises africaines.
Trois leviers structurants sont au cœur de cette ambition : l’amélioration de la gouvernance, l’optimisation des politiques publiques, et l’accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). L’objectif : poser les fondations d’un écosystème économique plus intégré, plus performant et résolument tourné vers l’action. Mandaté par le président Paul Biya, le Premier ministre a coanimé un panel stratégique avec ses homologues, notamment le Premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé. Les échanges ont porté sur l’intégration économique régionale, les partenariats public-privé et les opportunités d’investissement.
Présenter les atouts du Cameroun face aux investisseurs
Au cœur des discussions, les nouvelles frontières de l’innovation, de l’intelligence artificielle aux énergies renouvelables. Devant les investisseurs, Joseph Dion Ngute a défendu les atouts d’un Cameroun aux multiples ressources : un secteur agricole en croissance avec le cacao, le café et l’anacarde comme produits phares, un potentiel minier encore sous-exploité, et une dynamique touristique prometteuse. « Nous avons eu plusieurs rencontres avec des investisseurs qui souhaitent venir au Cameroun ; ils considèrent le Cameroun comme une terre d’opportunités. Nous les encourageons à concrétiser ces intentions », a confié le Premier ministre camerounais. Accompagné du Directeur général de l’Agence de promotion des investissements (API) et d’une délégation d’hommes d’affaires, il a mené une offensive diplomatique ciblée, enchaînant les entretiens avec de grands groupes, dont le PDG du groupe Jeune Afrique.
Les échanges ont permis de présenter plusieurs projets structurants. Une délégation d’investisseurs s’est notamment dite intéressée par le développement de la région de Kribi, autour du port en eau profonde. « Nous avons expliqué notre projet, surtout notre volonté de développer avec les autorités camerounaises la zone industrielle autour du port de Kribi, en attirant des industriels qui auront besoin d’électricité », a déclaré un représentant de B.I., important acteur énergétique au Cameroun. Ce dernier a rappelé l’engagement de son groupe dans plusieurs projets d’énergie dans le pays, notamment à Nachtigal. Un autre projet présenté au chef du gouvernement vise à structurer la filière porcine au Cameroun, avec pour ambition d’en faire le premier fournisseur régional de viande porcine en Afrique centrale.
Vers un nouvel élan des relations économiques Cameroun–Côte d’Ivoire
En marge du forum, Joseph Dion Ngute le chef du gouvernement camerounais a été reçu en audience par son homologue ivoirien. L’objectif est de relancer les relations économiques entre les deux puissances régionales. En effet, les échanges commerciaux entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire sont passés de 69,9 milliards à 53,2 milliards de FCFA entre 2022 et 2023. Les deux Premiers ministres ont convenu d’intensifier les flux logistiques et commerciaux, misant sur les filières agricoles à forte valeur ajoutée. Cette rencontre s’inscrit dans un contexte marqué par le retour du nationalisme économique à l’échelle mondiale. Face à ce repli, les opportunités de commerce et d’investissement Sud-Sud se multiplient, offrant aux entreprises africaines de nouveaux relais de croissance et d’innovation. « Le contexte transactionnel actuel impose à l’Afrique de lever, une bonne fois pour toutes, les obstacles qui freinent encore l’essor de son secteur privé. Il n’y a pas d’alternative », affirme Amir Ben Yahmed, président de l’Africa CEO Forum. « Grâce à son agilité stratégique, sa capacité d’innovation et sa réactivité face aux mutations économiques, le secteur privé constitue aujourd’hui le principal levier de transformation du continent. Donner aux entreprises les moyens de devenir le moteur du développement, c’est précisément l’ambition que porte l’Africa CEO Forum depuis sa création », ajoute-t-il.
Au-delà des bilatérales, le forum a abordé des thèmes majeurs : transformation digitale, industrialisation, croissance inclusive, innovation technologique, mais aussi souveraineté économique dans un contexte mondial dominé par le retour du protectionnisme. Le président ivoirien Alassane Ouattara a appelé à « une nouvelle donne économique africaine » centrée sur la bonne gouvernance, la création de valeur locale et le renforcement du commerce intra-africain. Pour le Cameroun, ce rendez-vous s’est imposé comme une opportunité stratégique.
La présence du Premier ministre à Abidjan traduit la volonté de Yaoundé de repositionner le pays comme un hub d’investissement et un acteur incontournable des dynamiques économiques africaines. « L’objectif de ce forum est de permettre à l’Afrique de faire un saut qualitatif. Nous observons qu’un peu partout dans le monde, le nationalisme économique s’installe, le protectionnisme revient, et l’Afrique doit saisir cette opportunité pour se rassembler et agir de manière collective », a conclu Joseph Dion Ngute. Les retombées attendues de cette participation pourraient se concrétiser dans les semaines à venir par la signature de nouveaux partenariats, en particulier dans les domaines de l’agro-industrie, de l’énergie, de la logistique et des infrastructures. Au cœur de la stratégie camerounaise : une diplomatie économique ambitieuse, articulée autour de la coopération régionale et d’une vision long terme de la transformation structurelle.