mercredi, décembre 3, 2025
spot_img
AccueilEconomieL'API signe deux conventions d'investissement de plus de 20 milliards de FCFA

L’API signe deux conventions d’investissement de plus de 20 milliards de FCFA

Deux entreprises, actives dans le béton et l’assemblage de motos, ont signé le 26 novembre 2025 des conventions avec l’Agence de promotion des investissements (API) au Cameroun. Les projets, d’un coût cumulé supérieur à 20 milliards FCFA, bénéficieront d’exonérations fiscalo-douanières supérieures à 90 % pendant dix ans.

La signature, le 26 novembre 2025 à Yaoundé, de deux conventions d’investissement entre l’Agence de promotion des investissements (API) et des opérateurs chinois et libanais illustre la place croissante des régimes incitatifs dans la stratégie d’industrialisation camerounaise. L’API, institution publique chargée d’accorder des facilités financières et douanières aux entreprises productives, a validé deux projets dont la configuration financière éclaire la structure actuelle du capital manufacturier.

Le premier projet concerne La Camerounaise de construction et de béton Sarl, dirigée par Han-Xiaomei. L’entreprise prévoit l’installation, à Yaoundé, d’une unité de production de béton destinée aux chantiers de bâtiments et de routes. Le capital engagé dépasse cinq milliards de FCFA. Selon les projections transmises à l’API, l’activité pourrait générer environ 100 emplois directs et plus de 500 emplois indirects. La logique capitalistique du projet repose sur un investissement industriel lourd — machines de broyage, malaxage et dosage — dont le coût d’entrée justifie l’usage d’un régime d’exonération pour réduire les charges à l’importation. Les exonérations fiscalo-douanières, qui couvrent plus de 90 % des redevances normalement dues, s’appliqueront sur dix ans, répartis entre une phase d’implantation (cinq ans) et une phase d’exploitation (cinq ans). Ce type de dispositif vise à alléger le CapEx initial, c’est-à-dire les dépenses d’investissement nécessaires au lancement de l’activité.

Le second projet implique Amana Motors Company, représentée par Hassan Hijazi. L’entreprise prévoit l’installation, au Port autonome de Douala, d’une unité industrielle d’assemblage de motos à deux et trois roues. Le coût annoncé excède 15 milliards de FCFA, soit un niveau triple de celui du projet cimentier. Les projections d’emploi associés atteignent plus de 500 emplois directs et plus de 1 000 emplois indirects à long terme. La configuration financière est typique des industries d’assemblage, où l’essentiel des dépenses concerne les chaînes de montage, les équipements logistiques et les approvisionnements initiaux. Comme pour le premier projet, les exonérations accordées, supérieures à 90 % des droits et taxes, neutralisent une grande partie du coût d’importation des équipements et pièces détachées.

L’examen comparé des deux investissements met en évidence un ratio incitations/CapEx particulièrement élevé. Pour l’industrie du béton, les exonérations couvrent presque intégralement les charges douanières sur une enveloppe d’investissement d’environ cinq milliards de FCFA, ce qui réduit fortement la barrière d’entrée dans un segment capitalistique traditionnellement coûteux. Pour l’assemblage de motos, les facilités s’appliquent à un investissement trois fois plus important, ce qui donne à l’exonération un effet de levier notable sur la compétitivité future de l’unité d’assemblage. Dans les deux cas, la durée de dix ans place le Cameroun dans la catégorie des pays offrant un amortissement fiscal long, utile aux secteurs où le retour sur investissement — ou ROI, indicateur de rentabilité d’un projet — nécessite plusieurs cycles de production.

Les représentants des deux entreprises ont salué ces facilités, y voyant un cadre favorable à la mise en œuvre de leurs projets industriels. Le directeur général par intérim de l’API, Boma Donatus, a estimé que ces signatures confirment l’attractivité du Cameroun pour les investisseurs étrangers et souligné la présence d’un capital mixte associant partenaires chinois et libanais à des opérateurs locaux.

La question de la soutenabilité budgétaire de ce régime d’exonérations se pose toutefois dans tout dispositif incitatif de long terme. Un taux supérieur à 90 % sur une décennie implique une forte réduction des recettes fiscales potentielles. Le gouvernement mise sur un retour indirect via la création d’emplois, l’effet multiplicateur sur les chaînes de valeur locales et l’émergence d’une base industrielle capable de renforcer l’assiette fiscale après la période d’exonération.

Ces deux conventions illustrent ainsi la stratégie camerounaise consistant à mobiliser l’incitation fiscale comme instrument d’attraction du capital productif. Elles éclairent également la structure du risque financier pris par les investisseurs, atténué par un dispositif qui réduit le coût initial d’entrée sur le marché tout en cherchant à stimuler une industrialisation orientée vers l’emploi.

spot_img
LIRE AUSSI
0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

ACTUELLEMENT EN KIOSQUE

spot_img

LES PLUS RECENTS

0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x