vendredi, novembre 28, 2025
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Stade Olembe: PICCINI et MAGIL réclament 267 milliards FCFA au Cameroun

Selon la Chambre des comptes, l'entreprise Piccini a saisi le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements afin d’obtenir le paiement de 250 milliards FCFA, pour une rupture de contrat qu'elle juge abusive. Parallèlement, Magil qui a traîné l’Etat devant la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, demande 17 milliards FCFA et l’accuse d’avoir bloqué les paiements nécessaires à l’achèvement des travaux.

Le différend autour du Complexe sportif d’Olembé risque de peser lourdement sur les finances publiques camerounaises. Selon le Rapport de certification du Compte général de l’État 2024, récemment rendu public par la Chambre des comptes de la Cour suprême, les entreprises Piccini (Italie) et Magil Construction (Canada), qui se sont succédé à la tête de ce chantier, revendiquent un cumul de 267 milliards de francs CFA au titre d’indemnisation. Ce montant correspond à 250 milliards pour Piccini et 17 milliards pour Magil, et représente aujourd’hui un risque réel pour le budget de l’État, même si la Chambre des comptes juge encore ces risques « indéterminés » compte tenu de l’évolution des procédures.

À l’origine de ces réclamations financières figure la gestion tourmentée d’un projet lancé pour doter Yaoundé d’un stade multifonctionnel de 60 000 places accompagné d’équipements annexes, d’un hôtel, d’un centre commercial, d’un gymnase et d’une piscine olympique. L’infrastructure n’a été inaugurée que partiellement en janvier 2022, pour les besoins urgents de la Coupe d’Afrique des Nations, mais sa mise en service complète demeure inachevée. Depuis 2022, le chantier est totalement à l’arrêt, malgré plusieurs mises en demeure adressées par le ministère des Sports.

CONTENTIEUX AVEC PICCINI

 Le premier litige, le plus lourd financièrement, oppose l’État du Cameroun à PICCINI SPA. La société italienne a engagé depuis plusieurs années une procédure devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), un organe d’arbitrage basé à Washington et rattaché au groupe de la Banque mondiale. Le CIRDI est souvent saisi pour les désaccords contractuels impliquant un État et un investisseur étranger. Dans ce dossier, Piccini affirme avoir été évincée abusivement alors que son contrat, signé pour un montant initial de 163 milliards FCFA, restait selon elle pleinement exécutable.

L’entreprise réclame 250 milliards FCFA, en compensation de cette rupture. La réplique du gouvernement camerounais s’appuie sur des manquements jugés majeurs dans la conduite des travaux. Dans les observations rendues publiques, Yaoundé affirme que les retards accumulés par l’entreprise menaçaient la tenue de la CAN 2021, ce qui avait rendu inévitable la résiliation. L’instruction se poursuit encore à Washington en 2025, et une condamnation de l’État camerounais au niveau revendiqué constituerait l’une des plus importantes décisions arbitrales prononcées contre un pays d’Afrique centrale.

MAGIL

Le second litige concerne Magil Construction Corporation, qui a repris le chantier après le départ de Piccini. Ce nouveau différend est porté devant la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris, une autre instance arbitrale internationale spécialisée dans les conflits commerciaux. Magil réclame 17 milliards FCFA, soit 25,92 millions d’euros, au motif que l’État aurait bloqué les financements nécessaires à la poursuite des travaux.

La société affirme avoir respecté ses obligations contractuelles avant de résilier ellemême son contrat, estimant que le ministère des Sports n’avait pas libéré les fonds convenus. Du côté camerounais, la contestation est ferme. Le gouvernement soutient que Magil a perçu 42 milliards FCFA, somme nettement supérieure aux 22 milliards FCFA prévus dans le contrat initial. Il souligne que 38 milliards FCFA sur ce total provenaient d’un prêt contracté auprès de la Standard Chartered Bank. Selon les données mises en avant par Yaoundé, les décaissements excédaient largement les obligations contractuelles, alors que l’avancement effectif du chantier restait insuffisant. À cela s’ajoute un différend interne à Magil avec ses fournisseurs, qui, avant son départ en 2022, réclamaient 13 milliards FCFA de factures impayées, un élément que le gouvernement estime révélateur d’une « impossibilité structurelle » à mener le chantier à terme.

Le chantier est désormais figé, l’État envisageant une reprise « en régie », c’est-à-dire sous maîtrise directe du ministère, une option rarement utilisée sur des infrastructures de cette ampleur mais qui traduit la volonté de reprendre la main après deux échecs successifs avec des prestataires internationaux. En additionnant les coûts déjà engagés, les financements additionnels, les avenants contractuels et les demandes indemnitaires actuellement en arbitrage, la facture finale pourrait dépasser 500 milliards FCFA si les tribunaux donnaient raison à Piccini et Magil Construction.

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