A Balém au Brésil, où se déroule la COP30 depuis le 10 novembre, le financement climatique est au centre du débat international, dans un contexte de recul politique des grandes puissances, principaux pollueurs, tels la Chine, les États-Unis, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil et le Royaume-Uni. Les annonces se multiplient, sans certitude sur leur concrétisation. La France confirme, via Reuters et l’Élysée, une « initiative de 2,5 milliards de dollars pour la sauvegarde des forêts du Bassin du Congo, dont fait partie le Cameroun (Ndlr) ».
Le Brésil affirme avoir « déjà réuni 5,5 milliards de dollars » pour un nouveau mécanisme destiné à rémunérer les pays en développement qui préservent leurs forêts. Ces engagements réactivent, pour le Cameroun, un ensemble de guichets financiers théoriquement accessibles mais encore peu captés. Dans l’Amazonie brésilienne, les dirigeants présents rappellent que « le temps était compté » pour éviter les pires effets du changement climatique. Leur priorité : convertir des engagements anciens en financements effectifs, tandis que les fonds onusiens pour pertes et dommages restent faiblement dotés.
Le Brésil avance sa proposition la plus structurante : la « Facilité pour la préservation des forêts tropicales », destinée à « payer 74 pays en développement fortement boisés » pour maintenir leurs forêts, avec un modèle fondé sur des prêts de pays riches et d’investisseurs commerciaux. Selon le président Lula, « Le Fonds pour les forêts tropicales sera l’un des principaux résultats concrets », à condition de mobiliser un financement international suffisant.
L’intérêt de ce dispositif est d’offrir une rémunération basée sur des résultats mesurés par satellite, avec un versement de 4 dollars par hectare conservé et une part réservée aux communautés locales. Ce principe reprend l’esprit du REDD+, qui prévoyait de « fournir des incitations financières […] proportionnelles aux réductions vérifiées des émissions ». Mais REDD+ a souffert de « la lenteur des transferts financiers », du manque de coordination et d’un financement insuffisant.
Le Tropical Forest Forever Facility (TFFF), un nouvel outil de financement, vise une architecture plus centralisée et plus prévisible, susceptible d’élargir les marges d’accès pour les pays du Bassin du Congo, dont le Cameroun. Cette dynamique internationale rejoint les préoccupations des économistes locaux. Le Dr Moussa Elhadji Saidou, de l’université de Ngaoundéré, le rappelle dans une interview accordée à Cameroon Tribune, que les États disposent d’un ensemble d’instruments pour mobiliser des financements verts : « émissions d’obligations vertes [… ], partenariats public-privé verts […], fonds climatiques internationaux et multilatéraux ».
Il souligne que l’accès à ces guichets repose sur « des propositions de projets solides » et une capacité à structurer des opérations répondant aux critères des bailleurs. Il mentionne également l’émergence d’initiatives nationales comme le « Global Green Bond », dont l’impact dépendra de sa structure précise, de ses garanties et de la catégorie d’investisseurs ciblée.
Au-delà de ces instruments, d’autres guichets sont déjà opérationnels. Le Fonds d’investissement climatique (CIF), un instrument de financement des projets liés au climat et au développement durable, avec « un engagement de plus de 12,5 milliards de dollars » et près de 400 projets financés dans 81 pays, soutient des actions en technologies propres, accès à l’énergie, résilience et gestion durable des forêts. Les évaluations indépendantes saluent son rôle dans « l’accélération de l’action climatique ». Le Cameroun peut y inscrire des projets ciblés, à condition de présenter des dossiers structurés et alignés sur les critères des gestionnaires de fonds.
La conjoncture de la COP30 élargit ainsi les opportunités : initiatives bilatérales, nouveaux fonds pour les forêts tropicales, instruments multilatéraux consolidés, obligations vertes et financements privés orientés vers la transition. Le Cameroun se trouve face à une fenêtre où l’abondance d’annonces contraste avec la difficulté structurelle d’en capter la valeur réelle. L’enjeu consiste désormais à transformer ces différents guichets en financements accessibles, prévisibles et proportionnels au rôle stratégique du pays dans la stabilité climatique mondiale.






