Comparée au deuxième trimestre de 2024, la progression du PIB est essentiellement portée par la consommation finale, en hausse de 4,9 %, soutenue à la fois par les ménages et les administrations publiques. La demande globale en biens d’investissement progresse de 11,6 %, reflet d’un regain d’activité du secteur privé dont les investissements augmentent de 16,8 %, alors que les investissements publics reculent de 9,7 %. Mais cette croissance interne se heurte à une dégradation marquée du commerce extérieur.
Le solde commercial, qui mesure la différence entre les exportations et les importations, s’est nettement détérioré. Les exportations totales de biens et services chutent de 23,3 % par rapport à l’an dernier, tandis que les importations augmentent de 12,1 %, accentuant le déficit de la balance commerciale. Sur une base trimestrielle, la tendance est encore plus prononcée. Les importations globales enregistrent une hausse de 16,7 % par rapport au premier trimestre 2025, portée par une explosion des biens importés (+24,2 %) alors que les services diminuent de 19,9 %.
Cette hausse spectaculaire des importations de biens traduit la vigueur de la demande nationale, aussi bien de consommation que de production. Selon l’INS, elle touche presque toutes les catégories de produits importés. Les plus fortes progressions concernent les produits issus de la transformation agricole (+70,2 %), suivis des boissons (+63,6 %), du textile (+27,6 %), des industries chimiques (+27,4 %) et de la fabrication de meubles (+24,8 %).
Autrement dit, les entreprises locales et les consommateurs sollicitent davantage de produits finis ou semi-finis importés, notamment dans les segments agroalimentaire et manufacturier. Cette évolution peut refléter à la fois la hausse de la demande interne, la dépendance structurelle du pays vis-à-vis des importations et les limites de la production nationale à satisfaire les besoins du marché.
En comparaison avec le même trimestre de 2024, les importations globales progressent de 12,1 %, tirées par les biens (+14,8 %) alors que les services reculent de 7,3 %. Seuls les produits de base issus des « travaux de grains », notamment les céréales, enregistrent une baisse de 9,9 %. Tous les autres groupes de produits importés sont en hausse.
À l’inverse, les exportations globales reculent fortement. Par rapport au trimestre précédent, elles diminuent de 22,1 %, sous l’effet d’une baisse de 22,6 % des exportations de biens et de 17,6 % des services.
Cette contreperformance est liée à la chute des ventes extérieures de pétrole brut, de bois en grumes et de plusieurs produits agricoles d’exportation tels que le cacao en fèves, le coton et le caoutchouc.
Quelques produits parviennent toutefois à limiter la baisse générale : les exportations de bois scié et certains produits transformés issus de l’agriculture progressent, traduisant un léger redéploiement vers la transformation locale.
Mais la tendance globale demeure négative, avec une baisse annuelle de 24,2 % pour les biens et de 19,0 % pour les services. Cette combinaison — forte hausse des importations et chute des exportations — aggrave le déficit du commerce extérieur, qui atteint 6,8 % du PIB au deuxième trimestre. En d’autres termes, le Cameroun importe beaucoup plus qu’il n’exporte, et cette différence pèse sur ses équilibres macroéconomiques.
Pour l’INS, la dynamique observée illustre à la fois la vitalité de la demande intérieure et les déséquilibres structurels du commerce extérieur camerounais. Elle souligne la nécessité d’un renforcement de la production locale, notamment dans les filières agricoles et industrielles, afin de réduire la dépendance aux importations et de restaurer la compétitivité des exportations nationales.







