jeudi, novembre 6, 2025
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Paul Biya, le temps du renouvellement

Depuis des décennies, le Cameroun vit sous le signe d’une continuité devenue doctrine d’État. À chaque remaniement, des visqges connus depuis des lustres réapparaissent, parfois après plusieurs années d’absence, rappelés comme si le temps n’avait aucune prise sur la vie politique. Anciens ministres, directeurs généraux ou présidents de conseils d’administration, certains sont reconduits ou rappelés au service de l’État bien après la retraite. Cette fidélité institutionnelle, que le pouvoir semble présenter comme une garantie de stabilité, traduit aussi une forme d’immobilisme.

Les intérims prolongés, les reconductions et le recyclage des élites sont les symptômes d’un système où la loyauté pèserait davantage que le renouvellement, et où la longévité tiendrait lieu de compétence. Les derniers mois en ont fourni une illustration parlante. Après la démission d’Issa Tchiroma Bakary, en juin 2025, Mounouna Foutsou, ministre de la Jeunesse, a été chargé d’assurer l’intérim au ministère de l’Emploi. Gabriel Mbaïrobe cumule désormais l’Agriculture et le Tourisme, tandis que Fuh Calistus Gentry, secrétaire d’État, dirige toujours par intérim le ministère des Mines depuis le décès de Gabriel Dodo Ndoké en 2023.

À chaque fois, la « continuité du service public » est invoquée, mais la formule pourrait désormais masquer un manque de volonte de renouvellement politique. Dans certaines entreprises publiques, des dirigeants en poste depuis plus d’une décennie dirigent leur établissement comme un prolongement personnel de leur carrière. D’autres, bien qu’ayant atteint la limite d’âge, continuent d’exercer. Une étude de la politologue Viviane Ondoua Biwolé souligne ainsi que 43 présidents de conseils d’administration continuent d’exercer en violation de la réglementation, tout en percevant indûment 634 millions FCFA. Le Cameroun compte pourtant une nouvelle génération de cadres formés localement ou à l’étranger, compétents et disposés à servir.

Mais ces profils demeurent souvent cantonnés aux seconds rôles. L’ouverture à ces compétences, issues aussi bien du secteur privé que de la fonction publique ou de la diaspora, pourrait redonner souffle à l’action publique. La responsabilité d’une telle mutation incomberait naturellement au sommet de l’État.

Plus précisément au président de la République qui vient d’être réélu pour son 8e mandat. Réformer la gouvernance ne signifierait pas rompre avec la continuité, mais la repenser. L’adapter à un monde en mutation, capable d’intégrer le numérique, la transition énergétique, la performance publique et la participation citoyenne. Injecter du sang neuf dans l’appareil d’État ne relèverait pas d’un simple rajeunissement symbolique, mais d’une stratégie de vitalité institutionnelle. Le Cameroun, riche de ses compétences et de sa jeunesse, gagnerait à faire de la relève non un risque politique, mais un instrument de modernisation.

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