Le lancement de la campagne électorale ce 27 septembre 2025 a été marqué à Touboro par des affrontements sanglants entre militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Undp) et de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp). Selon le quotidien L’œil du Sahel dans son édition du 29 septembre 2025, « les militants de l’Undp, en plein défilé pour le lancement de la campagne présidentielle du 12 octobre 2025, sont attaqués à coups de pierres, de gourdins, de machettes et de couteaux par des militants du Rdpc ». Alim Koumaï, 2ème adjoint au maire de Touboro, et chargé des affaires électorales de l’Undp du Mayo-Rey, « nous avons tout fait pour éviter ces affrontements, mais ils ont usé de tous les moyens pour nous atteindre. Ils savaient que, pour le lancement, nous devions défiler dans les artères de la ville. Ils s’étaient donc préparés pour perturber notre mobilisation. Dès l’entame de notre défilé, Ousmanou, un responsable des jeunes du Rdpc dans l’arrondissement de Touboro, a fait des va-et-vient à bord de son véhicule sur l’itinéraire que nous empruntions. Il entrait dans nos rangs et en ressortait, disloquant notre organisation. Il a fallu que je hausse le ton pour qu’il cesse de nous provoquer. À quelques mètres de là, nous nous sommes retrouvés face à un groupe de moto-taximen. Ils nous ont perturbés, mais nous avons dû nous maîtriser pour ne pas tomber dans leur piège. Nous étions plus de 3 000 personnes. Nous aurions pu les affronter, mais nous avons privilégié l’apaisement ».
Pour sa part, Elias Noudjiguemen, sous-préfet de Touboro, interviewé par le quotidien L’œil du Sahel, « selon les informations que j’ai reçues, le député [l’honorable Bouba Moussa, Ndlr] voulait traverser la route pour rejoindre son meeting, qui se tenait également à 14h à la Fada de Touboro, lorsqu’un groupe de jeunes de l’Undp, de passage, l’en a empêché. Le lieu n’était pas loin de l’endroit où le Rdpc tenait aussi son meeting. En voyant leur député empêché de passer, les jeunes du Rdpc se sont rués sur les lieux pour forcer le passage. Il y a donc eu des altercations, avec des jets de pierres et autres». Faux, réagit Alim Koumaï : « l’honorable Bouba Moussa lui-même a bloqué notre passage en garant son véhicule sur la chaussée, tout en nous refusant le passage. Je suis allé vers lui, croyant qu’il allait me comprendre, mais en réalité, il n’attendait qu’un faux geste pour déclencher les hostilités. Nous lui avons exigé de déplacer sa voiture afin que nous poursuivions notre défilé. C’est alors qu’il a fait appel à ses éléments, qui ont surgi de nulle part et se sont jetés sur nous avec des gourdins, des machettes, des couteaux, tout en nous lançant des pierres. J’ai failli être poignardé ; n’eût été l’intervention de nos milices, je ne serais plus de ce monde ».
De toutes les façons, l’affrontement a finalement eu lieu : « dans les tensions, il peut arriver que, malgré le dispositif sécuritaire mis en place, des individus dissimulent des objets dangereux dans leurs vêtements ou ailleurs. Rien ne laissait présager un tel événement. Mais comme l’être humain est ondoyant et divers, je crois que même les places réservées aux meetings étaient séparées. Les partis politiques devaient chacun fournir un programme détaillé de leur événement. Il n’était même pas prévu d’organiser des marches quelconques», rapporte le sous-préfet de Touboro. Sur les réseaux sociaux, a circulé une photo d’un responsable du parti au pouvoir assistant au meeting de son parti, avec une armée de guerre posé sur ses cuisses. L’on apprend que l’homme est allé chercher son arme « pour sa propre sécurité ».
Au bilan, aucune perte en vies humaines, mais le sous-préfet parle de six blessés dont trois cas graves.
Après avoir réussi à calmer les tensions, l’autorité administrative a interdit le port et l’usage des armes de toute nature, ainsi que des milices, par les militants et sympathisants des partis politiques en course pour l’élection présidentielle du 12 octobre prochain, sur toute l’étendue de l’arrondissement de Touboro, durant la période de campagne électorale.