En 2024, le Cameroun a été durement frappé par des inondations d’ampleur exceptionnelle, affectant plus de 300 000 personnes et causant des dégâts importants sur les logements, les infrastructures et les terres agricoles. Pour faire face à cette crise, le gouvernement a engagé 17 millions de dollars (environ 9,6 milliards de FCFA) en aides d’urgence, selon le rapport du FMI publié en juin 2025 à l’issue de la septième revue du programme économique en cours avec le pays. Outre ces appuis directs aux populations, les autorités « ont annulé les dettes des collectivités locales touchées ».
Mais cette réponse ponctuelle a mis en lumière les carences du système national de gestion des risques, notamment en matière d’alerte précoce, de mobilisation rapide des financements et de coordination des interventions. Le FMI souligne que l’augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles, en particulier les inondations et les sécheresses, menace non seulement la stabilité économique du pays mais aussi aggrave la pauvreté, surtout dans les régions du Nord. D’ici à 2050, les précipitations moyennes pourraient augmenter de 5 à 6 %, tandis que les jours de fortes pluies pourraient croître de près de 10 jours par an à l’horizon 2080, accentuant les extrêmes climatiques.
A en croire l’institution de Bretton Woods, À long terme, les pertes économiques liées au climat pourraient atteindre entre 4 et 10 % du PIB si aucune mesure d’adaptation n’est prise. Or, le déficit de financement pour la gestion de ces risques demeure préoccupant. Le FMI estime qu’en cas de catastrophe de type modéré, survenant tous les deux ans, le Cameroun enregistrerait un besoin de financement de plus de 30 millions de dollars, 16,9 milliards FCFA (soit environ 2 % des investissements publics sur ressources intérieures). Pour un événement majeur, récurrent tous les 50 ans, ce déficit pourrait grimper à 650 millions de dollars, 367,4 milliards FCFA (plus de 45 % des investissements publics).
Face à ce constat, le gouvernement travaille, avec l’appui de ses partenaires techniques, à renforcer son cadre de financement des catastrophes dans le cadre de l’accord au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). L’accent est mis sur une meilleure mobilisation des instruments budgétaires (enveloppes pour aléas, réserves non affectées, budgets supplémentaires) et une meilleure intégration du secteur financier dans la réponse aux chocs. Le FMI recommande notamment de développer des mécanismes tels que les assurances groupées, les microcrédits ou encore les garanties, afin de renforcer la résilience du secteur privé. Ces outils permettraient de combler les écarts de financement, d’assurer une relance plus rapide et de bâtir une économie camerounaise plus résistante face aux aléas climatiques