C ’est un projet intégrateur en zone Cemac. « Le projet Yicheng consiste, dans un premier temps, en la construction d’une usine de production industrielle de médicaments essentiels et de dispositifs médicaux au Cameroun », a déclaré Idriss Confiance Mbe, porteur du projet sur le poste national le 16 septembre 2025. L’usine sera implantée dans la localité de Meyo, en périphérie de Yaoundé. Elle vise, « à renforcer les capacités locales en matière d’offre pharmaceutique et de dispositifs médicaux », poursuit le porteur du projet, levier de la politique d’import-substitution de médicaments en Afrique centrale.
Cette infrastructure, résultant d’un partenariat sino-camerounais, Yicheng Pharmaceutical Group Fabrication Co., LTD, « dont les travaux de construction démarrent incessamment », dit-il, s’inscrit comme un levier structurant pour la transformation du système pharmaceutique camerounais.
Un projet industriel, estimé à 530 milliards de FCFA, qui va se déployer en trois phases. Il débutera entre 2025 et 2027 par la construction d’une unité de fabrication de médicaments, financée sans recours à l’emprunt bancaire, apprend-on. Porté par un partenariat entre actionnaires camerounais (51 %) et chinois (49 %), ce premier volet va mobiliser 10 milliards de FCFA et vise une capacité annuelle de 100 millions de flacons, 2 milliards d’ampoules et 10 milliards de comprimés.
La deuxième phase, prévue entre 2027 et 2029, consistera en l’extension du site industriel et l’édification d’un complexe hospitalier ultramoderne, pour un investissement de 250 milliards de FCFA.
La dernière étape, programmée entre 2031 et 2035, marquera l’expansion sous-régionale du projet au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Elle prévoit la mise en place d’un réseau de grandes pharmacies, d’un centre de recherche et développement, ainsi qu’un dispositif de distribution à l’échelle régionale.
À terme, l’usine devrait générer plus « plus de 3 000 emplois directs en moyenne », a rassuré Idriss Confiance au Poste national.
UN INVESTISSEMENT STRUCTURANT POUR LA BALANCE COMMERCIALE
En outre, le projet va contribuer significativement à la réduction des importations de médicaments, en injectant une valeur ajoutée stratégique dans l’économie nationale. En 2024, le Cameroun a déboursé 169,9 milliards de FCFA pour importer 29 472 tonnes de produits pharmaceutiques, selon le rapport sur les données économiques publié par le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) en août 2025. L’année précédente, la facture atteignait déjà 166,6 milliards de FCFA pour 29 833 tonnes de produits pharmaceutiques.
Entre 2010 et 2023, la dépense nationale en produits pharmaceutiques a bondi de 69,5 milliards à 166,6 milliards de FCFA, soit une hausse de 139,7 %. Une trajectoire qui traduit la dépendance chronique du pays aux importations, et creuse chaque année le déficit de la balance commerciale.
UNE RÉPONSE À UNE DÉPENDANCE COÛTEUSE
Dans un contexte marqué par la mise en œuvre de la politique d’import-substitution, selon les chiffres officiels, près de 95 % des médicaments consommés au Cameroun sont importés. En localisant la production pharmaceutique, Yicheng vise non seulement à réduire la facture extérieure, mais aussi à renforcer la souveraineté sanitaire du pays. « Nous offrons au Cameroun une production locale compétitive, certifiée selon les normes internationales (BPF, ISO 9001, ISO 13485), avec un contrôle qualité rigoureux », a confié l’entrepreneure camerounais, Mbé Idriss Confiance.
VERS UN HUB PHARMACEUTIQUE RÉGIONAL
Dès janvier 2027, apprend-on, les premiers médicaments et dispositifs médicaux issus de l’usine de Meyo devraient arriver sur le marché. Outre la consommation intérieure, le projet prévoit une orientation vers l’exportation dans la zone Cemac, renforçant ainsi le rôle du Cameroun comme pôle pharmaceutique régional.
En réduisant progressivement la dépendance aux importations, Yicheng se positionne comme un instrument clé pour alléger la balance commerciale du Cameroun, tout en participant à la lutte contre les « médicaments de la rue » et en sécurisant l’accès des populations aux produits de santé essentiels.