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Hydrocarbures : seules 75% des installations de la Sonara jugées récupérables

Après six années d’arrêt, la raffinerie de Limbe pourrait redémarrer en décembre 2027. Mais selon les informations obtenues par l’agence spécialisée Argus auprès de la Sonara et du cabinet d’ingénierie britannique Ekium, seules trois quarts des capacités initiales pourront être restaurées. L’entreprise, lourdement endettée, mise sur un plan de réhabilitation et de modernisation pour sécuriser l’approvisionnement et se mettre aux normes internationales.

Depuis l’incendie de mai 2019, la Société nationale de raffinage (Sonara) est à l’arrêt. La raffinerie de Limbe, d’une capacité initiale de 42 000 barils par jour, ne pourra pas être remise en état à 100 %. Selon une évaluation partielle du cabinet Ekium, citée par Argus – agence internationale fournissant des données de marché, des analyses de prix et des informations sur les industries pétrolières et gazières – 75 % des installations sont récupérables, 8 % définitivement perdues et 17 % encore à vérifier. Et même sur le plan interne, on reste sceptique quant à la possibilité de reprendre pleinement les activités de raffinage dès l’année 2027.

Selon une source introduite du dossier ayant requis l’anonymat, la Sonara, au stade actuel ne pourrait pas fonctionner avant 3 ans. Cette évaluation est l’une des déclinaisons opérationnelles d’un plan de réhabilitation baptisé Parras 2024 (Plan d’Accélération des mesures de Restructuration et de Réhabilitation pour la reprise du raffinage sous 24 mois) officiellement adopté, le 13 août 2025 lors d’une réunion du conseil d’administration. Le but ultime de dudit plan est de remettre en marche la raffinerie d’ici décembre 2027. « Les premiers travaux techniques doivent débuter en janvier prochain », révèle Argus.

La remise en route de l’outil industriel s’annonce coûteuse. La Sonara reste très endettée, avec une dette de 261 milliards de FCFA auprès des banques. Cette dernière a été rééchelonnée en 2021 sur dix ans à un taux de 5,5 %. Elle détient également des créances importantes auprès des négociants pétroliers, s’élevant à 185 milliards envers Vitol, 14 milliards envers Trafigura, 20 milliards envers Mercuria Energy et 8,5 milliards envers PSTV. Le plan prévoit par conséquent une recapitalisation et la recherche de partenariats financiers pour accompagner la réhabilitation, en mode partenariat public-privé.

 En attendant la reprise, la Sonara assure que l’approvisionnement du marché camerounais en produits raffinés importés sera maintenu. « L’approvisionnement se poursuivra en quantité et en qualité jusqu’au redémarrage complet de la raffinerie », a indiqué l’entreprise dans un communiqué.

UNE MODERNISATION PROGRESSIVE

Le projet Parras 24 de la Sonara dépasse largement le cadre d’une simple remise en état de la raffinerie. D’après des informations publiées par Argus, la société entend lancer, entre 2028 et 2030, la construction d’unités destinées à moderniser sa production.

 Il s’agira notamment d’un hydrocraqueur, un dispositif qui transforme les produits lourds issus du pétrole brut, comme le fioul, en carburants plus légers et de meilleure qualité, tels que l’essence et le gazole. Une unité d’hydrotraitement du diesel est également prévue, afin d’éliminer le soufre et les impuretés présentes dans ce carburant pour le rendre moins polluant. À cela s’ajoutera une unité d’isomérisation, qui a pour fonction d’améliorer la qualité de l’essence en augmentant son indice d’octane, un paramètre qui mesure la performance du carburant dans les moteurs. Ces évolutions doivent permettre à la raffinerie de produire des carburants répondant aux normes Afri 5/6, lesquelles imposent une teneur réduite en soufre, ainsi qu’aux exigences du règlement maritime international Marpol, qui vise à limiter les émissions polluantes des navires.

Une deuxième phase de modernisation, prévue entre 2031 et 2035, viendra compléter ce dispositif. Elle inclura une nouvelle unité de distillation atmosphérique, qui constitue la première étape du raffinage et consiste à chauffer le pétrole brut pour séparer ses différents composants, de l’essence au fioul. Cette phase comprendra aussi un second hydrocraqueur afin d’accroître la capacité de transformation des produits lourds, ainsi qu’une distillation sous vide, une technique permettant de récupérer des produits légers à partir des résidus laissés par la distillation atmosphérique.

À terme, l’ensemble de ces installations devrait porter la capacité de la Sonara à environ 3,5 millions de tonnes de pétrole traitées chaque année.

Par Blaise NNANG

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