La vie chère gagne du terrain au Cameroun, avec des écarts marqués selon les régions. C’est ce que révèle le dernier rapport de l’Institut national de la statistique (INS), qui confirme une légère accélération des prix à la consommation avec une hausse de 0,3 % en juin par rapport à mai, après une hausse de 0,2 % le mois précédent. Mais derrière cette moyenne nationale se cachent des disparités régionales notables. En tête des villes les plus touchées sont Maroua, Bamenda, Buea, Douala, Bafoussam et Ebolowa. Avec un taux d’inflation annuel de 5,9 %, Maroua (Extrême-Nord) enregistre le niveau de vie le plus cher du pays en juin 2025. Ce chiffre dépasse largement la moyenne nationale de 3,2 % et le seuil de convergence de 3 % fixé dans la zone CEMAC. La ville paie au prix fort les effets combinés de la hausse des coûts de transport, des difficultés d’approvisionnement et de la cherté des produits de première nécessité.
Derrière Maroua, Bamenda (4,9 %) et Buea (4,4 %) complètent le podium des villes les plus inflationnistes. À Bamenda, les hausses sont notamment tirées par les produits alimentaires, tubercules, légumes secs, fruits et les coûts de logement. À Buea, ce sont les produits de la mer et les denrées locales qui subissent les hausses les plus notables. Capitale économique, Douala n’est pas épargnée avec une inflation de 4,3 %, tout comme Bafoussam (4,2 %). Les deux villes font face à des hausses soutenues dans les prix des transports et de l’énergie, sans oublier les produits de consommation courante. À Ebolowa, l’inflation atteint 4,1 %, tirée elle aussi par les produits alimentaires, notamment les produits locaux. À l’autre bout du classement, Bertoua affiche l’inflation la plus basse du pays à 2,2 %, suivie de Garoua (3,0 %) et Ngaoundéré (3,4 %). Ces villes semblent mieux résistantes, grâce à une meilleure disponibilité des produits de base et une moindre pression sur les coûts de transport.
UNE INFLATION PORTÉE PAR LES PRODUITS LOCAUX
De manière générale, la flambée des prix est principalement d’origine interne. Les produits fabriqués localement ont vu leurs prix grimper de 4,3 % en un an, contre 3,5 % pour les produits importés. Les produits alimentaires (+6,5 %) et les transports (+7,4 %) restent les principaux postes de dépense des ménages, et donc les plus touchés par l’inflation. Même les prix sous-jacents – qui excluent les produits frais et l’énergie – progressent (+2,6 %), traduisant une tendance plus structurelle. Les produits frais, quant à eux, explosent avec une hausse de 11,3 %, tandis que l’énergie s’est renchérie de 5,8 %. Malgré une tendance globale à la décélération depuis février, le niveau de vie reste élevé dans plusieurs pôles urbains, mettant sous pression les ménages. Le défi pour les pouvoirs publics, comme le département ministériel en charge du Commerce, sera de contenir cette inflation tout en maintenant l’accès aux biens essentiels, en particulier dans les villes les plus exposées à la hausse des prix.