Le cacao brut en fèves reste le produit phare de cette envolée. Les exportations en valeur ont presque doublé, passant de 359 milliards FCFA en 2023 à 683 milliards FCFA en 2024, soit une hausse de 90%. Cette croissance spectaculaire ne s’explique pas par une augmentation des volumes – qui ont en réalité diminué de 1% – mais plutôt par la hausse historique des cours mondiaux du cacao, stimulés par une demande soutenue et des tensions sur l’offre mondiale. « Cette performance prouve que le cacao reste une véritable rente d’exportation pour le Cameroun, même en période de restriction des volumes », commente un expert du ministère du Commerce.
Cette tendance révèle aussi l’intelligence d’un repositionnement stratégique : exporter moins en quantité, mais mieux en valeur. Autre signal fort, indique le rapport, est l’accélération de la transformation locale. La pâte de cacao a vu ses exportations en valeur plus que doubler, atteignant 210 milliards FCFA contre 97 milliards l’année précédente, soit une hausse de 115,5%, soutenue par une croissance de 24,5% des volumes exportés. Même logique pour le beurre de cacao, qui a généré 99 milliards FCFA en 2024, contre 56 milliards en 2023, soit une progression de 78,6%, avec des volumes en légère hausse (+4,2%).
Ces chiffres traduisent l’efficacité des mesures incitatives prises par les pouvoirs publics pour favoriser la première transformation sur le territoire national, avec à la clé une plus grande valeur ajoutée captée localement. La réussite du cacao contraste avec le recul observé sur d’autres produits phares comme le bois brut (- 26,4%) ou l’aluminium (-41,6%), pénalisés par les droits d’exportation ou des stratégies de rétention pour transformation intérieure. Même le café, dont la valeur des exportations a progressé de 38,7%, a vu ses volumes chuter de 16,4%, dans un contexte de réorganisation du secteur.
Le Cameroun semble amorcer un tournant vers une souveraineté économique par la transformation locale du cacao, tout en maintenant une compétitivité sur les marchés internationaux. Les recettes générées par la fève brune et ses dérivés représentent à elles seules près de 55% des exportations hors pétrole en 2024, consolidant la filière comme pilier stratégique de la relance commerciale du pays. Avec un œil sur les marchés internationaux et un autre sur la structuration locale, le Cameroun s’affirme de plus en plus comme un acteur clé du cacao transformé en Afrique centrale. Reste désormais à poursuivre les investissements dans la deuxième et troisième transformation, pour convertir cette rente en véritable levier de développement industriel.