Dans le cadre du financement révisé de son budget 2025, le Cameroun entend mobiliser 450 milliards FCFA sur le marché intérieur grâce à des mécanismes financiers innovants appuyés par Afreximbank. Deux opérations majeures sont en cours. Concrètement, la première est une opération de swap de 200 milliards FCFA déjà réalisée avec le concours de la banque panafricaine, et un prêt bancaire direct de 250 milliards FCFA actuellement en préparation, assorti d’une garantie partielle ou totale d’Afreximbank.
Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie d’ajustement du financement public, à l’heure où les conditions de marché intérieures se durcissent. Selon le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme (2026-2028), récemment transmis au Parlement, le besoin de financement de l’État pour 2025 a été réévalué à 2 326,5 milliards FCFA, en hausse de 531,5 milliards par rapport à la loi de finances initiale. Dans ce cadre, le financement bancaire intérieur passera de 220,6 à 440,1 milliards FCFA, sous l’effet notamment du prêt garanti par Afreximbank.
Ce dernier, distinct des émissions classiques de titres publics, sera contracté directement auprès d’un pool de banques opérant au Cameroun ou dans la zone CEMAC. L’opération devrait prendre la forme d’un crédit syndiqué ou bilatéral, structuré hors marché. La garantie d’Afreximbank permettra de limiter l’exposition des prêteurs au risque souverain, facilitant ainsi le déblocage rapide des fonds.
La même logique s’applique à l’opération de swap réalisée fin juin. Celle-ci a permis à l’État camerounais de recevoir immédiatement des devises étrangères, tout en émettant des obligations du Trésor assimilables (OTA) libellées en FCFA, souscrites par Afreximbank. Le montant de 200 milliards FCFA a été mobilisé à travers cinq émissions d’OTA de 40 milliards chacune, portant des maturités allant de 3 à 7 ans, avec des taux fixes entre 6,5 % et 7,5 %. Ces titres ont été mis aux enchères le 23 juin et réglés entre le 25 et le 27 juin, selon le rapport de la BEAC.
Ce type de montage financier présente plusieurs avantages. Il permet d’accroître les disponibilités en devises pour financer des importations stratégiques ou renforcer les réserves de change, tout en maintenant la dette dans la monnaie locale et en évitant les risques de change.
Parallèlement à ces mécanismes innovants, Afreximbank conserve un rôle traditionnel de bailleur. Son portefeuille actif au Cameroun atteint 487 millions d’euros (environ 319,4 milliards FCFA), selon les données dévoilées lors du roadshow organisé le 29 avril dernier à Douala. Trois projets structurants en bénéficient. Une facilité de 200 millions d’euros pour soutenir la mise en œuvre de la Stratégie nationale de Développement 2030 (SND-30), un prêt de 147 millions d’euros pour un programme d’électrification rurale dans 200 localités, et un soutien financier indirect via une ligne de crédit aux banques commerciales locales.
À terme, Afreximbank prévoit de renforcer davantage sa présence au Cameroun en finançant des projets d’envergure comme la reconstruction de la raffinerie de la Sonara et la modernisation des aéroports de Douala, Yaoundé et Kribi. L’objectif affiché est d’appuyer la transformation structurelle de l’économie nationale, en encourageant la production locale et l’intégration aux chaînes de valeur régionales, dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).