L’étude menée par le cabinet londonien Cable.co.uk sur le coût d’un gigaoctet (1 Go) de données mobiles dans 237 pays révèle qu’en 2023, le Cameroun se classe 36ᵉ en Afrique et 140ᵉ au niveau mondial. Le coût moyen y est de 1,63 dollar, soit un peu plus de 980 FCFA par gigaoctet. Ce rapport, qui compare jusqu’à 41 offres haut débit proposées par les différents opérateurs de chaque pays, en déduit que la facture au Cameroun reste quatre fois plus élevée par rapport à celle du Ghana, où le gigaoctet s’offre à 0,40 dollar, soit environ 241 FCFA le Go. Le classement 2023 de ce cabinet britannique indique en outre que les entreprises au Rwanda, un pays marqué par des années de génocide, paient 0,55 dollar par Go (331 FCFA) d’internet, soit trois fois moins qu’au Cameroun. Le coût est aussi plus bas au Maroc (0,63 dollar), en Éthiopie (0,68 dollar), au Nigeria (0,89 dollar) et en Côte d’Ivoire (1,18 dollar) par rapport au Cameroun.
Ce constat, dressé par le dernier rapport sur le coût élevé de l’internet fixe haut débit en Afrique et particulièrement au Cameroun par le site britannique, est justifié par notamment le manque d’infrastructures de télécommunications. « Ces derniers temps, nous constatons une hausse des plaintes concernant la qualité des services. Les coupures fréquentes de réseau, la lenteur des connexions internet, les interruptions d’appels et la mauvaise qualité des communications vocales sont devenues récurrentes. Ces problèmes, comme les coupures inattendues, les temps de réponse trop longs ou encore la réduction de la bande passante, perturbent sérieusement le quotidien de nos concitoyens et freinent le développement de notre économie numérique », a déclaré Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et Télécommunications, à l’issue d’une tournée d’évaluation de la mise en œuvre des recommandations et engagements pris par les opérateurs en avril 2023 pour remédier à la dégradation des services et améliorer l’offre internet au Cameroun.
UN FREIN AU DÉVELOPPEMENT DES PME
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont particulièrement affectées par ce problème. Avec des ressources souvent limitées, « elles doivent allouer une part importante de leur budget aux frais de connectivité élevés, ce qui réduit leur capacité à investir dans des domaines essentiels comme la recherche, le développement ou l’amélioration de leurs services », a confié une source travaillant au ministère des PME. A l’observation, les coûts élevés de l’internet freinent ainsi l’émergence d’un écosystème entrepreneurial dynamique. « La digitalisation est aujourd’hui un facteur incontournable de compétitivité des entreprises. Pour permettre à un plus grand nombre d’entreprises de s’arrimer à cette tendance, il est indispensable que l’accès à un réseau internet de qualité soit facilité », précise le rapport du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement, sur l’état de la compétitivité de l’économie camerounaise en 2023. Ce document rendu public le mois dernier soutient que les coûts de l’internet haut-débit plombent la compétitivité des entreprises au Cameroun.
UNE CAPACITÉ SOUS-EXPLOITÉE
Pourtant, le Cameroun a la capacité d’alléger le coût de connectivité aux entreprises ainsi qu’aux particuliers. Le pays est connecté aux quatre câbles sous-marins à fibre optique (SAT3, WACS, SAIL et NCSCS) qui sont sous-utilisés, constate la Société financière internationale (SFI). « Seulement environ 15 % de la capacité du câble SAT3 et 30 % de la capacité du câble WACS ont été utilisés depuis leur lancement, il y a 17 ans », rapporte la filiale de la Banque mondiale dédiée au financement du secteur privé dans le rapport susmentionné. « Lors de notre récente visite de travail, il est apparu que les défis auxquels nous faisons face sont aussi dus à un manque d’investissement significatif de tous les autres opérateurs pour moderniser et renforcer le réseau de fibres optiques qu’ils utilisent », constate le Minpostel lors de sa tournée d’évaluation avec les opérateurs de téléphonie du 11 au 12 octobre dans les villes de Douala et Yaoundé. Le membre du gouvernement a instruit les opérateurs de véritablement investir dans l’amélioration des infrastructures. Si le gouvernement prône le développement des infrastructures de télécommunication en vue d’améliorer l’accès à des services de qualité à des prix abordables, la convocation de nouveaux opérateurs de téléphonie reste possible. « Pour ce qui est de la possibilité de faire entrer de nouveaux opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun, cela est tout à fait envisageable. Grâce aux efforts du gouvernement, le marché camerounais est potentiellement attractif pour de nouveaux investisseurs », lance Minette Libom Li Likeng, alors qu’elle était l’invitée de l’émission dominicale du Poste national.