Sonara : de bonnes perspectives 

Grâce au vaste programme d’extension et de modernisation de ses équipements engagé depuis 2010, l’entreprise accroît ses capacités de production. A terme, elle pourra traiter le brut lourd et par conséquent, favoriser une hausse plus importante des recettes pétrolières. 

Depuis le début du mois de mars 2018, les marchés du pétrole s’affolent. Et c’est pour faire pleinement bénéficier le Cameroun des mouvements favorables que connait le secteur, que la Société Nationale de Raffinerie (Sonara) a pris toutes les dispositions pour accroître sa production. C’est que, après la chute drastique des prix, intervenue il y a trois ans (début 2015), le baril de Brent est reparti à la hausse, atteignant au soir du 6 mars dernier, les 65,20 dollars US. Quand les projections du Fonds Monétaire International (FMI) annoncent que le baril de Brent pourrait grimper jusqu’à 80 dollars US d’ici la fin de l’année, et se stabiliser autour de ce seuil. Une bonne nouvelle pour les pays producteurs comme le Cameroun. Selon la Loi de finances 2018, le gouvernement table sur des recettes pétrolières de l’ordre de 362 milliards de francs CFA, sur la base d’un prix moyen du baril à 41 dollars US. Or, avec un prix du baril atteignant les 65,20 dollars US, soit un prix largement au-dessus de la moyenne de 41 dollars projetée, la hausse actuelle, si elle perdure promet des retombées plus que positives pour l’économie nationale et sous-régionale.
Mais aussi intéressante soit-elle pour le pays, expliquent certains experts, toute hausse du prix du baril ne devrait véritablement profiter à l’économie camerounaise, que si toutes les dispositions sont prises au niveau national. Et c’est là que résident toutes les difficultés. En effet, le Cameroun, bien que producteur de pétrole, doit acheter sur le marché international la plus importante partie de la matière première destinée à la Sonara. Puisque

les capacités techniques actuelles de raffinage de l’entreprise ne permettent pas de raffiner du brut local (qui est trop lourd au regard de la configuration des installations techniques de la Sonara). Du coup, la Sonara doit acheter sur le marché international, et à un prix flottant, sa principale matière première, un brut dit « léger », très prisé dans le monde car facile à raffiner, et permettant d’obtenir de plus grosses quantités de produits finis. Autre obstacle : la Sonara ne couvre pas l’intégralité de la demande nationale en hydrocarbures ; l’Etat est obligé d’importer régulièrement des produits pétroliers et le gaz domestique, via un mécanisme d’appels d’offre au profit de marketers (sociétés de distribution de produits pétroliers).

CAPACITES DE PRODUCTION EN HAUSSE

Heureusement, le septennat qui s’achève a servi à penser des mesures visant à remédier à la situation. Depuis 2010 en effet, la Sonara s’est engagée dans un vaste programme d’extension et de modernisation de ses équipements. La première phase, achevée en 2017, a notamment permis à l’entreprise publique d’augmenter ses capacités de stockage et de production, passant de 2,1 millions à 3,5 millions de tonnes annuelles. Au cours de cette année-là, l’entreprise a dû observer un arrêt d’activité dite en vue d’effectuer des travaux de maintenance générale sur les installations. Ceux-ci ont consisté en une série de remises à niveau de l’ensemble des équipements statiques tels que les ballons, les fours, les colonnes, les réacteurs et les échangeurs entre autres, qui constituent la « colonne vertébrale » du processus de raffinage du pétrole brut. Il en est de même pour certaines machines tournantes comme les compresseurs et les pompes dont la réhabilitation vise à assurer un nouveau cycle de fonctionnement sécurisé et pérenne. Ce n’est pas tout. Cette première phase a également consisté en la construction d’une unité préflash, d’une unité de distillation sous vide, d’un deuxième reformeur catalytique, d’une unité de cogénération, d’une unité de traitement des eaux, d’une nouvelle torche, de dix nouveaux bacs de stockage de produits. « Le fait de disposer d’une unité de distillation sous vide nous permet déjà de traiter le brut lourd à l’instar du brut camerounais, mais d’une manière peu rentable, car le rendement des différents produits demeurera sensiblement le même », expliquait Ibrahim Talba Malla, le directeur général de cette société devenue le pourvoyeur des produits pétroliers dans la zone Cemac.

La seconde phase de ce programme pour laquelle le gouvernement est à la recherche des financements (400 milliards de francs CFA), permettra à terme, à la Sonara de se doter d’un hydrocraqueur, équipement rendant possible le raffinage du pétrole brut, produit localement. Début avril 2018, le gouvernement à travers le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey, signait un accord de prêt d’un montant de 68 millions d’euros, soit 44,6 milliards de francs CFA, avec la Société internationale islamique de financement du commerce, filiale de la Banque Islamique de Développement (BID). Une enveloppe destinée à la Sonara, dans le cadre du processus de densification et de diversification de sa production. « Pour raffiner le brut lourd d’une manière plus rentable et plus compétitive, la raffinerie doit se doter d’une unité de transformation plus complexe et c’est effectivement la finalité de l’installation de l’hydrocraqueur pour la deuxième phase de la campagne d’extension et de modernisation. Ce n’est qu’au terme de cette deuxième phase que nous allons pouvoir traiter massivement et d’une manière plus rentable le pétrole brut camerounais et de la Cemac », poursuit Ibrahim Talba Malla. Le 15 avril 2018, l’entreprise qu’il dirige a une fois de plus procédé à un arrêt stratégique de ses unités de production jusqu’en juillet, dans le but de « réaliser la connexion des unités de la phase I de ses installations à Limbe ». Créée en 1973 et inaugurée en 1981, la Sonara est une raffinerie de type topping reforming, c’est-à-dire simple. Détenue à 80 % par l’Etat, elle met à disposition sur le marché les produits pétroliers tels que le butane, l’essence super, le jet, le pétrole lampant, le gasoil, le distillat et le fuel oil.

Arthur Wandji

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