Prison de Kondengui : le spectre d’une nouvelle mutinerie plane

Alors que ce centre pénitencier vient de connaitre une émeute, certains experts redoutent qu’un nouveau soulèvement y éclate.

Une vue du délabrement de la prison centrale de Yaoundé

La prison centrale de Kondengui est un volcan endormi. C’est du moins une opinion que partagent les experts. Après les émeutes qui ont secoué ce centre de détention il y’a quelques jours, des sources proches de l’administration pénitentiaire ont annoncé que les autorités chargées de ce centre pénitencier sont entrain de prendre des mesures pour éviter qu’un nouveau soulèvement éclate au sein de cette maison d’arrêt. Ces sources ne donnent pas plus d’informations sur les mesures que seraient entrain de prendre les responsables de la prison, mais une lettre signée de Laurent Esso, ministre de la Justice garde des Sceaux, et adressée au ministre de la Défense, indique que parmi les mesures à prendre, il y a « le transfèrement de tous les détenus relevant du tribunal militaire de Yaoundé), vers d’autres prisons de la ville de Yaoundé et ses environs. » Si pour Laurent Esso, la décision de transférer certains prisonniers vers d’autres centre de détention viendra juguler les risques de mutineries, pour plusieurs experts, cette seule mesure ne «pourra en aucun cas éviter que les prisonniers recourent à une nouvelle insurrection. » Le défenseurs des droits de l’Homme Bala Onambele confie qu’en transférant les prisonniers vers d’autres prisons « l’administration pénitentiaire va créer d’autres problèmes là où il n’y en a pas, car les prisons des petites villes n’ont pas une forte capacité d’accueil et sont déjà pleines pour la plupart » Le socio-politologue et défenseurs des droits de l’Homme Hugues Pojume, lui affirme que plusieurs raisons peuvent amener les prisonniers à se soulever : l’illégalité des arrestations et les détentions préventives qui vont au-delà des délais prévus par la loi. « Pour se faire entendre par l’administration pénitentiaire et les autorités judiciaires, certains prisonniers peuvent choisir d’exprimer leurs frustrations en organisant des émeutes », explique-t-il. Cet expert des questions de droits de l’Homme propose que pour éviter des probables soulèvement, « il faut dépolitiser les contentieux et respecter la loi, en ce qui concerne les délais de la détention provisoire et surtout des mobiles des arrestations. »

A ces arrestations et détentions illégales, viennent s’ajouter le problème des mauvaises conditions carcérales. Dans son rapport publié le 26 juillet dernier, l’ONG Amnesty International affirme que « les conditions carcérales sont extrêmement mauvaises à Kondengui. » L’ONG évoque par exemple la surpopulation dans cette prison, à laquelle l’on peut ajouter toutes les conditions de vie dégradantes des prisonniers. Ce qui peut « les pousser à se rebeller. » Selon l’Association Camerounaise des Droits de l’Homme, de l’Enfant et de la Famille, la prison centrale de Kondengui regorge à ce jour, près de 6000 prisonniers pour une capacité d’accueil de 1000 prisonniers seulement. Ce qui fait que certains quartiers comme le quartier 8 et 9 contiennent à eux seuls près de 3000 personnes. Amnesty International pense que « les autorités doivent œuvrer à l’amélioration des terribles conditions dans lesquelles sont entassés les prisonniers, libérer toutes les personnes incarcérées uniquement pour avoir exercé leur droit de manifester pacifiquement et veiller à ce que toutes les personnes détenues au-delà de la durée légale de détention provisoire soient immédiatement déférées devant un juge ou libérées. »

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