Nécrologie : Christian Cardinal Tumi dira la messe de Pâque au ciel

Le prince de l’église catholique est mort cette nuit du 2 au 3 avril 2021.

Christian-Tumi n'est plus

Christian Tumi n’est plus. Le cardinal s’est éteint dans la nuit du 2 au 3 avril dans sa chambre de l’Archevêché de Douala, des suites de maladie. La nouvelle parvenue dans les réseaux sociaux comme une rumeur a été confirmée aux premières heures du jour par un communiqué de Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala : « Le diocèse de Douala a le regret d’annoncer le décès du cardinal Christian Wiyghan Tumi à l’âge de 91 ans des suites de maladies », a écrit le patron de l’église catholique dans le diocèse de Douala.

C’est la fin sur terre d’un homme sur qui l’âge pesait de plus en plus ces derniers mois. L’homme qui a été aperçu lors de la toute première et dernière session du Comité de suivi du Grand dialogue national (GDN) les 3 et 4 septembre 2020, se montrait presque complètement amorti. De longues minutes à parvenir à grimper dans sa voiture. Avec le soutien de ses proches.

Acteur du Grand dialogue national

Et pourtant, le cardinal a tenu à assister à ces assises qui rentraient dans le cadre de son dernier combat sur terre : la fin de la crise sécessionniste dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Lui qui, après avoir longtemps critiqué ouvertement le régime de Yaoundé, notamment l’entêtement du président Biya à s’éterniser au pouvoir, a, accepté de prendre part au GDN organisé pour tenter de trouver des solutions à cette guerre qui déchire le pays depuis bientôt cinq ans. Paul Biya jettera son dévolu sur ce prélat incompris, pour présider la Commission de réinsertion des ex-combattants. Depuis lors, l’archevêque émérite de Douala était redouté des deux camps : le pouvoir de Yaoundé qui ne croit pas à sa franchise, alors que les séparatistes le considèrent désormais comme un pion de Yaoundé. Christian Tumi ne s’en est jamais laissé perturber. C’est dans ce contexte que le natif de Kumbo affrontera l’adversité du terrain en novembre 2020. Pour être kidnappé par des groupes séparatistes qui le maintiendront en captivité, ainsi qu’un chef traditionnel local qu’il accompagnait dans son village.

Tumi-échange-avec-Grégoire-Owona-lors-du-Grand-dialogue-national

Prise d’otage

Après une nuit d’échanges avec ses ravisseurs, l’homme retournera à Douala poursuivre son combat. Dans Ma nuit en captivité, le livre qu’il commet quelques semaines après cet épisode, l’ancien captif écrira : « Je ne soutiens pas ces personnes dans la brousse, bien que le gouvernement me soupçonne d’être l’un de leurs partisans. Je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils font… je ne soutiens pas la répression du gouvernement, qui a conduit à la prise d’armes. Je maintiens ma neutralité. Tout ce que je veux, c’est que les armes se taisent et que la paix revienne dans le pays ». Maintenant ainsi sa position de départ sur cette crise socioprofessionnelle qui a débouché sur une guerre.

Né le 15 octobre 1930 à Kikaikelaki (Kumbo) dans la Région du Nord-ouest, Christian Wiyghan Tumi a été ordonné prêtre le 17 avril 1966, dans le diocèse de Buéa. Après le primaire et le secondaire au Cameroun, ses études supérieures l’ont conduit au Nigeria pour une formation en sciences de l’éducation, puis à Londres. Plus tard, la France l’accueillera pour approfondir ses études en théologie à l’Institut catholique de Lyon, d’où il sort nanti d’une licence. La soif de connaissances conduit le prélat à opter pour la philosophie à l’Université de Fribourg, et plus tard en Suisse pour un doctorat.

La ALL Anglophone conference

C’est cet homme épris de justice et de paix que le pape Jean Paul II choisit pour succéder à Yves Plumey à Yagoua le 6 janvier 1980 comme évêque. Juste pour quatre ans, avant d’être nommé archevêque de Garoua le 17 mars 1984. Le 28 juin 1988, il est désigné cardinal. Le premier et seul cardinal camerounais jusqu’à l’heure actuelle. Trois ans plus tard, Jean Paul II transfère le prince de l’église catholique à Douala, le 21 Septembre 1991, pour occuper les mêmes fonctions.

Tumi-reçu-par-le-pape-François

Comme cardinal, Christian Tumi assiste à deux conclaves au Vatican : le premier à la mort de Jean Paul II, pour l’élection de Benoît XVI, puis pour désigner François, le successeur de ce dernier qui abdiqua. Depuis 2009, l’homme a renoncé à sa charge du fait de son âge et est devenu évêque honoraire de Douala. Mais n’a jamais pris de repos face aux souffrances du peuple de Dieu qui est au Cameroun. Il quitte la scène sans avoir pu organiser la All anglophone conference qu’il comptait ouvrir aux ressortissants des autres régions résidant dans les deux régions en crise. Pour trouver des interlocuteurs à d’éventuels pourparlers avec Yaoundé. Dieu a rappelé son serviteur la veille de la Paque. Un signe. Un symbole pour le chrétien engagé et accompli qu’il était. Il dira sa messe auprès du Père Créateur.

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