Médiation : Dion Ngute peut-il réussir ?

Dans son adresse à la nation le 10 septembre dernier, le président de la République, Paul Biya, a désigné le Premier ministre pour conduire les consultations dès la fin de ce mois.

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« Le Premier ministre, chef du gouvernement, mènera de larges consultations, afin de recueillir les avis les plus divers qui serviront de sources d’inspiration, pour la conduite des débats ». Tel un envoi en mission, Joseph Dion Ngute a reçu du président de la République le 10 septembre dernier, le cahier de charges qui devra guider son action dans la conduite du dialogue relatif à la résolution de la crise anglophone qui secoue le pays depuis bientôt trois ans. Autant dire qu’il est coutumier du fait. L’on se souvient que pareil responsabilité lui avait été confiée les 9 et 14 mai derniers, lorsqu’il devait se rendre à Bamenda et Buea, avec pour mission principale « d’apaiser les tensions et de ramener le calme dans ces régions ». Avait-il réussit à cette mission ? Les avis des experts lui sont pour la plupart favorables. Qu’en sera-t-il pour cette autre mission qui lui est confié une seconde fois à peine cinq mois plus tard?

Aristide Nomo, politologue pense que : « c’est de la sous-traitance ». « Monsieur Dion Ngute ne sera que le bras séculier du président de la République dans cette mission », car ajoute-t-il, le véritable patron du dialogue c’est le président de la République. Cependant, argue l’expert, « Joseph Dion Ngute part déjà lotis de cette autorité du Chef de l’Etat transmise de façon solennelle, devant le peuple camerounais, et, désormais, toutes les forces autour du président de la République devront faire allégeance au Premier ministre, ce qui va permettre d’éviter la cacophonie telle que observée récemment ». Pour Bernard P, autre politologue, « le fait de confier aussi solennellement une telle mission à Joseph Dion Ngute est déjà une réussite. En ce sens que le chef de l’Etat a laissé planer l’hypothèse d’une éventuelle grâce qu’il pourrait accorder à certains acteurs de cette crise sociopolitique ».

Par ailleurs, pour Moussa Njoya, autre politologue, la convocation du dialogue est une sorte de « tripartite bis ». Néanmoins, indique-t-il, « Joseph Dion Ngute a les capacités de mener à bien un tel dialogue ». Cependant, nuance-til, « je ne pense pas que c’est à même de mettre un terme à la crise ».

Des craintes tout de même

S’il l’essentiel des spécialistes prédisent une réussite pour la mission qui vient d’être confiée à Joseph Dion Ngute, ils émettent néanmoins des réserves. C’est le cas d’Aristide Nomo qui s’inquiète de la « bonne foi des acteurs qui prendront part à ce débat national », car soutient-il, « lors de la tripartite, il y a eu des acteurs totalement opportunistes qui sont arrivés avec d’autres agendas de positionnement et autres projets centrifuges. Cette fois si, nous avons la situation post-électorale qui prévaut toujours, et les acteurs feront tout pour vouloir imposer leur position dans ce dialogue, afin de se faire une place au soleil ».

Par Arthur Wandji

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