Manifestations du Mrc : Deux journalistes interpellés portés disparus

Le régime de Yaoundé s’en prend aux journalistes ayant couvert le mouvement de l’opposition.

« Je suis encore sous le choc ; je réfléchis encore. Trop d’interrogations dans mon pauvre cerveau ». Au lendemain des manifestations violemment réprimées lancées par Maurice Kamto, Julio Trésor Tanon n’en revient pas. Le journaliste de Canal 2 international déclare avoir échappé à la mort. Pour avoir couvert la marche de Douala ce 26 janvier. « J’étais à Makepe comme reporter. Une fois le gaz propagé dans l’air devant l’hôpital général de Douala, j’ai foncé dans le quartier avec mon sac à dos. Tout le monde fuyait les policiers en furie, voulant arrêter tous ceux qui filmaient. Malgré le danger, j’ai voulu prendre quelques interview des populations », engage-t-il. Instinct de journalistes. « Le premier approché était réceptif mais au bout de quelques minutes, un autre monsieur en blanc approche et veut absolument parler à mon micro ; je me retourne vers lui et directement, sans que je ne lui pose même la question, il se lance : ils ont tiré sur Célestin Djamen à balle réelle », raconte-t-il. Mais c’est d’abord la population qui confond le reporter : « tapons les ; c’est eux l’Union européenne », rapporte le reporter qui avoue ne s’être pas laissé intimider. « Taper qui ? Vous êtes malades ? Je fais juste mon travail et je ne vois pas en quoi je suis fautif, leur ai-je répondu ». Refroidissant ses vis-à-vis qui se concertent en langue Bassa.

Sur les pas de Pius Njawe

Le temps pour l’infortuné de renfiler son matériel dans le sac, avant de « fuir », conseillé par une vieille dame. « Sans réfléchir, j’engage un sprint et en moins de dis secondes, je devance mes agresseurs qui alertent le quartier de m’arrêter. Après un virage, je les sème et me cache derrière une maison. Je me sens alors traqué, pris au piège car plus de route devant moi », raconte-t-il. Embusqué dans une cachette, le reporter saisir sa rédaction, puis se mettra en tricot démembré, question de mieux se dissimuler.
Mais une fois qu’il regagne la rue, il est entre deux « ennemis ». La police qui tient à avoir ses enregistrements le repère, alors que des riverains le suivent. Une nouvelle course poursuite est engagée et le journaliste ne sera sauvé que par un jeune homme : « c’est vous le journaliste que tout le monde est en train de chercher comme ça ? Descends tout droit et remonte jusqu’à Bédi (Sic)», rapporte-t-il. Une orientation qui permettra au fugitif de s’échapper définitivement.

Théodore Tchopa et David Eyengue n’échapperont pas comme Julio Trésor

Si Julio Trésor Tanon, présentateur de journaux à la chaîne de télévision canal 2 international, a pu échapper à la vindicte populaire et surtout la furie des policiers, pas Théodore Tchopa et David Eyengue. Les deux journalistes du journal le jour, se trouvaient au pire des endroits : le domicile d’Albert Dzongang. Ils seront embarqués avec les opposants, pour une destination inconnue. « Le directeur de publication et des collègues étaient au Sed (gendarmerie nationale) en matinée, ils n’y sont pas. Sur la liste de ceux qui sont gardés au Sed, leurs noms ne figurent pas. Ils sont à la Police judiciaire », suppose alors Achille Chountsa, chef du service sport du quotidien Le jour. Sauf que « là-bas, un important dispositif sécuritaire ne permet même pas l’aspect depuis la station Total, qui que vous soyez », fait-il remarquer. Mais aucune assurance que les journalistes y sont puisque selon des informations concordantes, ceux conduits à la police judiciaire ont été divisés en trois groupes répartis entre la Police judiciaire, le Commandement central du Gmi à Soa et le Gso à Mvan. David Eyengue et Théodore Tchopa s’apprêtent à passer leur deuxième nuit en détention, dans un endroit inconnu, et sans visites de proches.

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