Liberté de la presse : Ces hommes de médias aux prises avec la justice

En près de deux mois, au moins trois journalistes ont été condamnés et un animateur jeté en prison.

La chape de plomb est-elle suspendue sur la presse camerounaise ? En près de deux mois, au moins trois journalistes ont été condamnés et un animateur jeté en prison. C’est le 20 décembre dernier que ce vent de restrictions, qui continuent de souffler aujourd’hui contre la presse s’est déchaîné. Christophe Bobiokono, directeur de publication du journal Kalara, est condamné après un procès expéditif à deux ans de prison avec sursis, pour diffamation’’ et ‘‘outrage à corps constitué’’. Il doit verser une amende de 2.5 millions francs CFA et s’acquitter de la somme de près de 10 millions de francs CFA au titre de dommages et intérêts. Sa collègue Irene Mbezele (auteure de l’article) est condamnée pour la même affaire à verser 1,5 million de francs CFA. Les deux journalistes sont ainsi condamnés suite à l’affaire qui les opposait depuis plus d’un an à l’honorable Fotsine Fotso, député du Rdpc. A la suite de ces condamnations, Reporters Sans Frontières (RSF) a réagi en dénonçant « vigoureusement la célérité avec laquelle la justice a jugé puis condamné un directeur de publication et sa collaboratrice à une peine de prison pour des faits de diffamation dans une affaire qui n’a d’autre but que de réduire au silence le média d’investigation qu’il dirige ». « Ce journaliste a été auditionné, jugé puis condamné à une peine extrêmement lourde en une nuit, comme s’il venait de commettre un coup d’Etat alors qu’il n’était poursuivi que pour diffamation et que les faits remontent à plus d’un an », avait regretté Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.

07 jours plus tard, l’épée de Damoclès a tranché la tête d’un autre journaliste à Douala. Adalbert HIOL, Journaliste d’investigations et Directeur de Publication du journal « Ades-Infos Jeunesse en Action » est condamné à 18 mois d’emprisonnement ferme, 2 000 000 francs Cfa d’amende, 555 100 Francs Cfa de dépens, soit une contrainte par corps de deux ans et des Dommages et intérêts de 10 millions de francs CFA. L’ONG Mandela Center a dénoncé cette condamnation, affirmant que « le journaliste Adalbert HIOL n’a jamais eu droit à un procès libre, juste et équitable qui consacre la prééminence du droit dans une société démocratique. » Le journaliste était poursuivi dans une affaire de diffamation, propagation de fausses nouvelles et injures à l’endroit du Prof. Njock Louis Richard, directeur de l’hôpital Laquintinie de Douala.

Le 17 janvier 2020, l’animateur et chef de chaîne de la radio « Amplitude Fm », Martinez Zogo est arrêté suite à une plainte déposée au Secrétariat d’Etat à la Défense, par Samuel Mvondo Ayolo, directeur du Cabinet civil, indiquent nos confrères du journal « Info Matin », dans sa parution du 22 janvier dernier. L’animateur est accusé selon nos confrères d’outrages à l’endroit de l’épouse du directeur du Cabinet Civil. Après quelques jours de garde à vue, il a été placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui.

12 journalistes en danger

Comme lui, plusieurs hommes de médias croupissent en prison en attente de leur jugement, c’est par exemple le cas de Paul Chouta arrêté depuis plus de 6 mois et qui est toujours en détention provisoire. Entre 2017 et 2019, « une douzaine de journalistes camerounais ont été arrêtés, intimidés ou menacés par des acteurs étatiques et non étatiques », indiquait l’ONG African Freedom of expression exchange dans un rapport sur la liberté de la presse au Cameroun.

Par Joseph Essama

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