Fuites des épreuves : le cas Kévin Ngassam

L’élève de 18 ans a été mis en détention provisoire à la prison de Kondengui, alors que les enseignants et cadres de l’office du Baccalauréat du cameroun responsables de ces fuites sont en liberté.
Gervais Kevin Ngassam, 18 ans, a été placé sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé le 2 septembre dernier. L’élève en classe de Terminale, domicilié à Bangangté (région de l’Ouest), a été inculpé pour «fraudes aux examens et complicité», suite à la fuite des épreuves au baccalauréat de la session 2020, a annoncé Cameroon Tribune. L’infortuné encourt jusqu’à trois ans d’emprisonnement selon le Code pénal.

Indignation

La mise en détention de cet adolescent a soulevé une vague d’indignation sur les réseaux sociaux où des voix s’élèvent notamment pour réclamer la libération du lycéen. A travers une publication sur sa page Facebook, l’honorable Nourane Fotsing a été l’une des premières à monter au créneau. «La responsabilité de la fuite des épreuves ne saurait être imputé aux élèves ! Libérez ces élèves sans délai et assumez vos erreurs», a écrit la député du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (Pcrn). Le journaliste Jean-Bruno Tagne lui, parle d’une (in)justice à deux vitesses. «D’un côté, un adolescent accusé d’avoir participé à la fuite des épreuves du Bac 2020, arrêté et écroué ; de l’autre, un jeune sous-préfet en liberté, pourtant soupçonné d’avoir tué sa copine. Nous sommes au Cameroun», a-t-il publié sur Facebook.

La justice à l’épreuve

S’il semble avéré qu’il a partagé l’une des épreuves ayant fuité, ce qui fâche dans l’affaire du jeune Kévin, réside selon certaines réactions, dans le fait que les enseignants et cadres de l’Office du Baccalauréat du Cameroun (OBC) qui ont fait fuiter ces épreuves sont bien connus et en liberté auprès de leur famille. «On ne peut que s’étonner et s’indigner sur une affaire aussi grave qui entache la crédibilité du baccalauréat et donc, la fiabilité de notre système éducatif, que la justice soit moins preste à l’égard des infracteurs adultes qui sont au cœur du système», s’est indigné Cabral Libii. «Ce garçon quelque soit le bout par lequel on prend l’affaire, est un maillon périphérique qui mérite certes d’être sanctionné si sa responsabilité est établie, pour éviter la banalisation de l’inconséquence tout au moins auprès des plus jeunes, mais il urge de sanctionner très sévèrement les adultes responsables. Le peuple attend que les dysfonctionnements qui ont conduit à la dérive soient réparés et réprimés », poursuit le président du Pcrn.

Dans cette affaire, le ministre des Enseignements secondaires avait pris des sanctions le 17 août dernier, suite à la mise sur pied d’une commission d’enquête administrative. Nalova Lyonga a indexé sept personnes en service à la reprographie de l’Office du Baccalauréat du Cameroun (OBC), comme responsables de la fuite des épreuves de Physique, Sciences de la vie et de la terre et Chimie pour les séries C, D et TI (Technologies de l’information). Il s’agit de Célestin Paul Ngoumti, chef service de la reprographie, Zachée Bona et Nsegbe, cadres détachés, tous professeurs des lycées d’enseignement général. Egalement concernés, les personnels de l’OBC Héloïse Léontine Tsimi Ngah, Junior Issa Hayatou, Gabriel Noel Abena Ngono et Valérie Mfomo Minfoumou. Pour ces sept responsables, elle a été décidé une suspension de trois mois «sans préjudice des poursuites judiciaires» pour négligence et complicité de fuite des épreuves. Gervais Kevin Ngassam lui, n’aura pas cette chance. Interpellé à Bangangté (région de l’Ouest) puis écroué à la prison de Kondengui, le jeune élève a également en garde à vue dans les locaux de la direction de la Police judiciaire de Yaoundé après leur interpellation, il y a plus de trois semaines. Avec lui, quatre autres personnes ont été mises en détentions dans le cadre de cette même affaire. Il s’agit selon Cameroon Tribune de Simon Makon Edgard et Bandroon Wilson Ledoux Kamga Piam, étudiants domiciliés à Douala ; Romaric Noute, professeur des collèges de l’enseignement technique, domicilié à Oyack ; et de Willy Christian Tchabouatchou Sandjong, élève au lycée bilingue de Njombé et domicilié à Mbouala.

Les 5 inculpés risquent gros. Sur les motifs d’inculpation (fraude aux examens) en effet, le Code pénal dispose en son article 163 que : «est puni d’un emprisonnement d’un mois à trois ans et d’une amende de 25 000 à deux millions de francs ou de l’une de ces peines seulement, celui qui commet une fraude dans les examens ou concours dans le but d’obtenir soit l’entrée dans un service public, soit un diplôme, certificat ou titre délivré par l’Etat ou un service public national ou étranger».

Par Arthur Wandji

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