Frederik Klinke : « Dit a investi plus de 50 milliards de francs CFA en équipement et matériel » 

Le patron de Douala international terminal, concessionnaire du terminal à conteneur du Port Autonome de Douala, analyse l’évolution et les perspectives du secteur portuaire et logistique au Cameroun. 

En tant qu’acteur majeur de la chaine logistique au Cameroun, comment appréciez-vous l’évolution de ce secteur au cours de ces derniers années ? 

DIT est un acteur majeur dans l’embarquement et le débarquement des marchandises conteneurisées entrant et sortant du Cameroun. Jusqu’en 2015, le volume des conteneurs a constamment augmenté, stimulé par la croissance sous-jacente du PIB au Cameroun pour les importations et l’augmentation de la production de produits d’exportation comme le bois et le coton. La baisse des prix du pétrole et des autres matières premières au cours des années 2015 et 2016 a entraîné une baisse des volumes au cours de ces années, notamment liée aux pays de l’hinterland que sont le Tchad et la RCA. Le secteur de la logistique au Cameroun joue un rôle important dans le développement économique du Cameroun ainsi que dans les pays de l’hinterland. À titre d’exemple, en ce qui concerne la répartition des volumes : 80 % de ceux traités par DIT sont domestiques alors que 20 % sont consacrés au Tchad et la RCA. La croissance économique réalisée au cours des 5 et 10 dernières années signifie que la capacité du secteur logistique est fortement utilisée. Le gouvernement a lancé un grand nombre de projets pour soutenir le secteur, y compris des projets routiers et ferroviaires, et surtout le nouveau Port en eau profonde de Kribi.

Quelles sont les performances enregistrées par Dit depuis le début de la concession du terminal à conteneurs ? 

En 13 ans, entre 2005, année de démarrage de la concession, et 2017, les volumes manutentionnés par DIT sur le terminal à conteneurs de Douala ont plus que doublés, passant de 131.994 EVP à près de 386,370 EVP ; le taux annuel moyen de progression des trafics s’établissant à plus de 13 %. En 2017 par exemple, nous avons traité au niveau du terminal de DIT 161 000 conteneurs d’importation et 136 000 conteneurs d’exportation. Ces bonnes performances de DIT en 2017 nous permettent de nous féliciter du travail effectué par nos équipes mais davantage de la bonne collaboration des autorités qui ont accompagné le processus de décongestion du Port de Douala. Le mérite revient aux actionnaires, notamment les deux groupes portuaires internationaux derrière DIT, APM Terminals et Bolloré qui ont rendu possible les lourds investissements consentis et grâce au transfert de compétence et au partage d’expérience.

Quels sont les investissements et réformes réalisés par Dit pour atteindre ces niveaux de performance ? 

DIT qui a été créé en 2005, exploite la concession du Terminal à Conteneurs du Port de Douala, sur une superficie d’environ 27 hectares, sur trois quais, grâce à trois portiques et deux grues de quai et un important parc d’engins lourds de dernière génération. DIT a, au cours de la concession, investi plus de 50 milliards de francs CFA en équipement et matériel. Cela inclut bien sûr la troisième grue de quai, mais aussi deux grues mobiles et quatre RTG pour augmenter la capacité de manutention dans la cour, ainsi que des reachstackers et des camions Terminal. Un montant qui est largement en dépassement aux engagements contractuels.Au-delà de la structure et des infrastructures, nous avons également fortement investi sur les hommes. Au démarrage des activités en 2005, DIT comptait moins de 200 employés alors qu’aujourd’hui, nous employons 410 collaborateurs permanents et 100 Journaliers (Dockers) en moyenne. Ces hommes et femmes bénéficient régulièrement des formations de pointe dans les métiers portuaires au Cameroun comme dans le monde. Ils jouissent d’une expertise unique sur l’ensemble de la côte occidentale et font notre fierté.

Concernant les délais, quelle peut être la contribution de Dit à la réduction des délais sur l’ensemble de la chaine ? 

Il me semble important de rappeler d’abord les missions de DIT. Nos métiers sont diversifiés : il s’agit de la réception et la livraison des conteneurs à l’importation et à l’exportation ; le stockage, la surveillance des conteneurs sur le terminal ; le déchargement et le chargement des navires porte-conteneurs et la diffusion des informations et documents associés aux parties intéressées. Au Port de Douala, nous sommes à la fin de la chaine logistique, cela signifie que c’est lorsque l’usager achève toutes les procédures avec l’administration portuaire qu’il arrive chez DIT, soit pour l’embarquement ou la livraison de son conteneur. Les retards sont une conséquence de la congestion et DIT est comme le reste de la chaîne logistique « victime du succès » de l’économie camerounaise. La forte pression exercée sur la chaîne d’approvisionnement signifie que les dépôts et le parc à conteneurs sont pleins, ce qui crée des goulots d’étranglement et des retards. Notre tâche consiste à desservir les navires et les camions de nos clients le plus rapidement possible dans ces conditions. DIT travaille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour s’assurer que nous exploitons toutes les possibilités de pousser le plus de volume possible dans le terminal.

Certains acteurs de la place portuaire de Douala redoutent la concurrence du Port de Kribi. Y voyez-vous de la concurrence ou une complémentarité ? 

Ce sera probablement les deux. D’une part, l’ouverture du Port de Kribi permet déjà au Cameroun de recevoir de gros porte-conteneurs. Avec les services de ligne qui desservent la région qui sont en constante amélioration, si les conteneurs sont transbordés de Kribi à Douala, le port de la cité économique bénéficiera aussi indirectement de ce flux. D’un autre côté, Kribi prendra bien sûr sa part du marché des importations et exportations. Quoi qu’il en soit, le démarrage du Port de Kribi augure un avenir prometteur de l’activité conteneurs au Cameroun et c’est l’économie nationale qui connaitra une croissance et en sortira renforcée.

Quelles sont les ambitions de Dit dans le cadre de la future concession ? 

La concession de DIT expire fin 2019 et conformément à l’accord de concession, le PAD a lancé un appel à manifestation d’intérêt. Apmt et Bolloré, principaux actionnaires de DIT, ont répondu ensemble à cet appel et tout le monde attend maintenant le résultat du dépouillement de l’appel d’offres. Si DIT poursuit sa croissance, l’ambition sera de renforcer la capacité des terminaux afin de gérer la forte pression actuelle tout en s’adaptant à la croissance des volumes transitant par Kribi. En outre, le terminal et le reste de la communauté portuaire ont plusieurs possibilités d’améliorer la proposition de valeur à l’égard de nos clients terrestres. Notamment en fournissant des solutions numériques plus rapides et plus sûres aux défis administratifs auxquels sont confrontés les clients actuels, les services logistiques, et autres.

Propos recueillis par François Bambou

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