Dialogue public-privé : pourquoi le gicam a boudé Jean de Dieu Momo

Entre affront et bataille d’égo, la lettre du Gicam au ministre de la Justice a suscité diverses interprétations. Pourtant des raisons demeurent.

Momo indésirable au Gicam

La rencontre manquée du 16 avril dernier au Groupement Inter Patronal du Cameroun (Gicam) ne cesse d’alimenter les conversations. Plusieurs titres de la presse y ont d’ailleurs consacré leurs unes. Le fait, c’est la lettre du président du Gicam adressée au ministre de la Justice, le 15 avril, à la veille de la rencontre à laquelle était invité le membre du gouvernement. Dans cette lettre, Célestin Tawamba fait savoir au ministre d’Etat que le Gicam ne peut « accueillir la délégation qui est annoncée » dans une précédente lettre de Laurent Esso. Ce dernier aurait en effet désigné son ministre délégué Jean de Dieu Momo pour conduire une délégation auprès du patronat à Douala.

Les raisons de ce rejet, le président du Gicam dans sa lettre explique que « cette rencontre était prévue avec le ministre d’Etat, ministre de la Justice, Garde des sceaux ». C’est-à-dire Laurent Esso lui-même. Or, le Garde des sceaux a choisi de se faire représenter. D’aucuns ont vu en cette démarche du Gicam, un refus de recevoir la personne de Jean de Dieu Momo. C’est le cas de l’homme politique Shanda Tonme, pour qui, « cette attitude est de nature à contribuer à amplifier les voeux des esprits malveillants, soucieux de semer le désordre et des querelles inutiles dont la fixation négative ou positive sur certaines personnalités apparait comme le but inavoué ».

Mais il ne s’agit guère d’une affaire de personnes, dit-on dans le milieu des affaires. Cette rencontre, en réalité, se situait dans le cadre du dialogue entre le secteur privé et le gouvernement. Dans ce dialogue, les opérateurs économiques souhaitent avoir en face d’eux un interlocuteur capable de prendre dans l’immédiat des engagements en vue d’impulser des réformes. Pourtant « Jean de Dieu Momo ne serait qu’un messager. Il ne peut prendre aucune décision. En dehors de prendre les notes, les acheminer vers le ministre avec le risque d’omettre certains points ou de ne retenir que ce qui lui semble pertinent sans que cela ne convienne aux deux parties. Mais avoir le ministre en face de nous, c’est déjà une garantie que ce que nous pouvons formuler sera pris en considération », nous confie un homme d’affaires.

Une autre lecture c’est que les chefs d’entreprises aimeraient qu’on leur accorde plus de considération. « On ne peut pas dérouler le tapis rouge à d’autres tel que les acteurs de financement comme le FMI et on ne nous déroule pas le même tapis rouge. A la vérité, nous devrions même être reçus par le chef de l’Etat car c’est nous, secteur privé, qui créons de la valeur ajoutée à l’économie » s’indigne un autre opérateur économique de la non considération du secteur privé, créateur de valeur ajoutée.
Par Tatiana Meliedje

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