Crise anglophone : Sécessionnistes camerounais et nigérians pactisent

Les leaders de la République fantasmée de l’Ambazonie et ceux du Biafra prévoient une conférence de presse conjointe ce vendredi pour officialiser leur rapprochement.

Mark Bareta se rapproche du Nigeria pour embarraser Yaoundé

La question surprend plus d’un responsable d’administration au ministère des Affaires étrangères ou au ministère de la Défense. Elle est pourtant simple : que font les autorités camerounaises pour couper les ponts entre les groupes sécessionnistes camerounais et leurs homologues nigérians ? Partout, la réponse a été que la question est sensible et toujours le reporter a été escaladé à l’échelon supérieur où il a trouvé soit porte close, soit l’incompréhension même des collaborateurs du directeur ou du ministre vers qui la question devait en définitive être posée. L’interlocuteur du reporter à la sous-direction en charge des relations avec le Nigeria au ministère des Relations extérieures s’est même montré relativement choqué par la hardiesse d’une telle demande. Au ministère de la Défense, les sources les plus loquaces indiquent que les questions sur la cuisine interne des groupes insurrectionnels relève de la compétence exclusive de la sécurité militaire. « Mais ils sont en général très occupés pour recevoir les journalistes », avertit-on. Traduction : circulez, il n’y a rien à voir ! Dans les couloirs cependant, parfois la réponse est plus directe : les informations sur ce qui est fait ne sont pas disponibles. De là à dire que rien fait concrètement fait pour briser les liens entre les Ambazoniens et les Biafrais, il n’y a qu’un pas.

À leur décharge, les autorités camerounaises sont bien désarmées face à la stratégie de sécessions sans frontière déployée dans la baie du Biafra. La conférence de presse projetée ce vendredi, 9 avril devrait se tenir sur le territoire mouvant d’internet. Elle devrait notamment réunir le Camerounais Mark Bareta retranché en Europe et le Nigerian Nnamdi Kanu installé au Nigeria où il est étroitement surveillé par les forces de défense et de sécurité.

Bakassi en fond sonore

La seule marge de manoeuvre des différents services concernés est d’abord de se tenir informés et ensuite de renforcer la coopération avec le Nigeria notamment. Car il reste constant que les discussions entre le propagandiste Mark Bareta et son homologue Nnamdi Kanu vont avoir des répercussions sur le terrain en termes de renforcement des liens criminels entre les groupes insurrectionnels de part et d’autre de la frontière. Déjà, de nombreux rapports indiquent la présence de plus en plus importante de combattants originaires des États du sud-est du Nigeria dans les rangs des différents groupes ambazoniens au NoSo. Le feu cardinal Christian Tumi a confirmé cette tendance au lendemain de sa libération après qu’il a été brièvement kidnappé début novembre 2020.

Si les deux camps prêchent la fraternité, les groupes nigérians expriment clairement leurs ambitions hégémoniques dans la zone en cas de succès hypothétique de leur combat pour l’autodétermination. Princewill Chimeze, le leader de la jeunesse biafraise s’est clairement exprimé sur le sujet fin septembre dernier lors d’une convention organisée à Enugu. « Nous avons été très actifs dans la zone de Bakassi où nous avons développé un partenariat avec l’Ambazonie parce que nous avons trouvé que le Biafra et l’Ambazonie font face à des problèmes similaires », a-t-il avancé en présence de représentants des groupes sécessionnistes camerounais. De bons mots sur lesquels les Ambazoniens autoproclamés ont applaudi sans sourciller. De quoi interroger la conscience nationale, même à un niveau local, des promoteurs de l’irrédentisme dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Par Omb Njéé

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