Crise anglophone: espoirs et périls sur la médiation Suisse

Si le rôle de la république helvétique dans la résolution de la crise anglophone est apprécié par une certaine opinion, des résistances subsistent à la fois du côté des sécessionnistes que du gouvernement. Faisant ainsi peser de sérieux doutes quant à l’issu du processus.

espoirs et périls sur la médiation suisse

Dans un communiqué signé à Berne, en Suisse le 27 juin dernier, le ministère des Affaires étrangères informait l’opinion de ce que « le Département Fédéral des Affaires Etrangères (Dfae) s’emploie à trouver une solution pacifique et durable à la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun, en collaboration avec le « Centre pour le Dialogue Humanitaire ». Voilà qui est venu lever le voile sur ce qui est fait par les parties en conflit pour résorber cette situation. Ce soulagement est tout même atténué par les interrogations sur les chances de réussite de la médiation Suisse. Quand on sait que les protagonistes, notamment les leaders sécessionnistes, tiennent à la création de « l’Etat indépendant d’Ambazonie ».

La Suisse s’impose par sa crédibilité

Au sujet du crédit à accorder à la médiation de la République helvétique, le Dr Richard Makon, expert en résolution des conflits explique que ce pays jouit d’une crédibilité avérée sur la scène internationale : « la Suisse jouit d’une neutralité politique qui est essentielle pour la conduite d’un tel processus. C’est un pays qu’on peut qualifier de non aligné sur le plan international, il ne participe pas aux conflits. Il est donc, du fait de sa neutralité, généralement consulté pour conduire les processus de médiation et de conciliation ». Et d’ajouter sur un ton presque ferme, « la Suisse est le pays le mieux placé pour pouvoir jouer un rôle neutre dans la crise qui secoue les régions anglophones de notre pays », affirme-t-il sans ambages. Ce spécialiste est rejoint dans son analyse par le Dr Erick Fofack, pour qui « les chances de succès sont réelles ». Du côté des mouvements séparatistes, la République helvétique semble bénéficier d’un capital de sympathie et de confiance. Ceux qui prennent part aux discussions de Genève sont de cet avis. Il s’agit notamment Ebenezer Akwanga, chef de la Southern Cameroons Defence Forces (Socadef) fervent militant de la lutte armée contre le régime de Yaoundé. Elvis Kometa, leader du Southern Cameroons National Council (Scnc) une autre aile sécessionniste, hantée par l’objectif de préserver la spécificité anglophone en la dotant de garanties institutionnelles et constitutionnelles. Autre leader présent à Genève, Marc Njoh Chebs, patron du Roan, lui aussi opposant farouche au gouvernement de Yaoundé. Même s’ils ont pour dénominateur commun la sécession, ceux-ci ont affiché leur disponibilité à trouver une solution à cette crise. Non sans saluer « le rôle historique joué par la Suisse en matière de médiation et de promotion de la paix à travers le monde ». Selon des propos rapportés par le journal suisse, Le Temps, Ebenezer Akwanga, chef de la Socadef, disait que « c’est important pour nous que la Suisse n’ait pas un passé colonial ». Outre cette crédibilité, les instruments utilisés par la Suisse plaident en sa faveur. Dans un communiqué publié le 27 juin dernier par les huit principaux leaders sécessionnistes, ont apprécié le fait que le Centre pour le Dialogue Humanitaire, partenaire stratégique du gouvernement helvète, ait été associé à ce processus. Ils ont d’ailleurs admis ne pas douter que ce Centre puisse « assurer le succès de cette initiative ».

Les résistances

Si la médiation Suisse est saluée par ceux qui prennent part aux discussions de Genève, ceux qui sont absents à ces pourparlers disent n’en avoir cure de ce qui s’y passe. C’est le cas des proches du cardinal Christian Tumi qui ont qualifié ces assises de « non évènement », selon le magazine panafricain Jeune Afrique. Pour Elie Smith, porte-parole de la Conférence Générale Anglophone, « c’est une honte pour le Cameroun de recourir à la médiation Suisse pour résoudre la crise anglophone », parce que, estime-t-il, « les Camerounais sont assez matures pour discuter entre eux et Paul Biya seul pouvait trouver la solution à cette crise ». Le Dr Samuel Sako Ikome courroucé de ne pas avoir été associé à la médiation en cours, fait peser une menace sur le processus. Il a déclaré sur sa page facebook que « si un dirigeant de première ligne intervient pour négocier tout ce qui est contraire aux aspirations du peuple – Une indépendance absolue, ce dirigeant sortira et sera avalé par le peuple d’Ambazonia ». Ayaba Cho, leader du mouvement Socadef, affirme mordicus de son côté, « qu’il attend discuter directement avec le gouvernement ». Selon certains analystes, les résistances n’existent pas que du côté des sécessionnistes. Il y a du côté du gouvernement également, des personnalités qui tirent les marrons du feu et qui n’ont aucun intérêt à cette crise prenne fin. « Les subsides tirés de cette crise semblent avoir aveuglés ces hauts responsables de la République », soutiennent les mêmes sources. Et de poursuivre en disant, « ceux-ci risquent activer leurs réseaux pour faire échouer la médiation suisse afin que la cette crise perdure ».

Junior Matock ( Défis Actuels)

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