Contentieux post-électoral : vers l’irrecevabilité des recours ?

Les requêtes introduites auprès du Conseil Constitutionnel en vue de l’annulation partielle et totale du scrutin du 7 octobre dernier devraient être déclarées irrecevables, ouvrant ainsi la voie à une réélection de Paul Biya.

Après deux jours d’audience, le contentieux électoral n’a toujours donné son verdict. Si tous les recours ont été déclarés « irrecevables » sur la forme mardi dernier, les débats sur la forme ont été on ne peu plus houleux le lendemain. Une journée (exclusivement) dédiée au recours du candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) Maurice Kamto qui, au terme de 13 heures d’échanges avec ses avocats et les membres du Conseil Constitutionnel, va devoir patienter jusqu’à 18h ce jeudi 18 octobre 2018, pour être définitivement fixé. Son affaire a été mise en délibéré. Alors que celle concernant Joshua Osih, candidat du Social Democratic Front (SDF) s’ouvre un peu plus tôt dans la matinée. Pour nombre d’observateurs, on s’achemine vers la dernière ligne droite de ce contentieux qui pourrait déboucher sur un principal scénario : le rejet des différents recours.

Cabral, Kamto, Osih : tous irrecevables ?

Le suspense demeure encore entier. Enfin presque. Après deux jours de débats devant les juges constitutionnels, les signaux semblent verts pour une validation totale de l’élection présidentielle organisée le 7 octobre dernier. Alors que trois candidats de l’opposition réclament l’annulation de ce scrutin. Maurice Kamto du MRC qui avait revendiqué sa victoire dès le lendemain de l’élection, a déposé une « requête en annulation partielle des opérations électorales » notamment dans les régions du Nord-Ouest, de Sud-Ouest, de l’Est, du Sud, du Nord et de l’Extrême-Nord. Joshua Osih, candidat du Social Democratic Front (SDF), et Cabral Libii du parti Univers, ont quant à eux introduit des recours en annulation totale du scrutin en raison « des multiples irrégularités, d’importants cas de fraudes et des cas de violation de la loi ». Si le dernier est déjà fixé sur l’irrecevabilité de son recours qui, selon le Conseil Constitutionnel a été déposé hors délai de 72h prévues par l’article 132 du Code électoral, les deux autres ne devraient pas s’attendre à meilleur verdict. « Il va de soi qu’au regard des audiences qui ont débuté mardi dernier commente un analyste, les requérants n’ont pas l’air de convaincre suffisamment les juges du Conseil. Encore que jusqu’ici, ils ne sont pas parvenus à apporter des preuves tangibles de ce qu’ils considèrent comme irrégularités ayant émaillé le déroulement du scrutin. On a comme l’impression d’être dans une sorte de mauvais film où les acteurs jouent le jeu des rôles qui sont les leur en connaissant d’avance comment il se termine ».

Vers la réélection de Paul Biya ? 

Pourtant, ça devait être l’élection de la transition. Enfin, selon les candidats de l’opposition et leurs électeurs. Après 36 ans de règne sans partage, Joshua Osih, Maurice Kamto, Akere Muna, Cabral Libii et les autres se croyaient suffisamment armés et éloquents pour convaincre la majorité de voter pour le changement. Mais l’appel à voter tout le monde sauf Paul Biya n’a pas été suivi par tous les Camerounais inscrits dans les listes électorales. Au contraire, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) a fait peser sa « Force de l’expérience » sur une opposition dispersée, malgré l’alliance de dernière minute entre Maurice Kamto et Akere Muna. Déterminés à obtenir l’annulation du scrutin, les adversaires de Paul Biya ne lui ont rien épargné. Sa longévité au pouvoir, sa filiation supposée ou réelle avec certains membres du Conseil Constitutionnel qu’il a lui-même nommé, de multiples irrégularités, cas de fraudes et autres cas de violation de la loi imputés à certains membres du gouvernement et des militants du Rdpc… Ces attaques d’une rare violence verbale qui devraient définitivement être mises en échec au soir de ce 18 octobre 2018. Conséquence ? Paul Biya est bien parti pour être réélu. Ce sera alors son septième mandat à la présidence de la République. D’ailleurs, même s’ils n’ont pas encore été rendus officiels, les chiffres qui circulent çà et là, lui prédisent une écrasante victoire sur ses adversaires.

Arthur Wandji

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