Chantiers de la Can : Prime Potomac dans la panique

Ben Modo réduit à se battre dans les médias et les salons

Prime Potomac est dans le dur. A quelques jours du délai de livraison des chantiers de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Cameroun 2021, l’entreprise est (presque) certaine qu’elle ne remplira pas son cahier de charges. Plongé dans le doute et la panique, le patron multiplie des sorties à travers des communiqués dans lesquels il tente de justifier les causes de son « échec » programmé. Ben Modo se dit victime d’une « campagne violente de dénigrement et de désinformation ». « Les auteurs de cette campagne de dénigrement sont connus, dit-il dans un communiqué signé le 12 mars dernier. Leur objectif principal est de garder la confusion dans nos chantiers, et empêcher, à tout prix l’achèvement des travaux à date et dans les budgets prévus ». La situation de l’entreprise constitue en effet à elle seule, une menace à l’organisation de la CAN camerounaise. Chargée de six marchés pour un montant d’environ 26 milliards de francs CFA et qui concerne la construction de quatre terrains d’entrainement dont ceux du complexe sportif de Coton Sport, de Poumpouré, de Reré et du Cenajes, la réhabilitation de l’hôtel Benoue et la construction d’un hôtel 4 étoiles qui comptera à terme, 103 chambres et 08 suites, les chantiers de l’entreprise de Ben Modo sont à l’arrêt. Lundi dernier, ses employés ont entamé un mouvement de grève. Ils revendiquent plusieurs mois d’arriérés de salaires. « Nos travaux dans cette région sont en arrêt depuis plusieurs mois. Une situation très difficile pour tout le monde, y compris nos employés et leurs familles ; ainsi que nos fournisseurs au Cameroun et aux Etats-Unis », a avoué le directeur général de l’entreprise, dans un communiqué.

La construction des hôtels bientôt retirée ?

Prime Potomac impute l’arrêt des travaux dans ses différents chantiers au « non paiement » des avances de trésorerie et du différentiel entre le taux d’exécution des travaux et les décomptes. L’entreprise réclamerait jusqu’à 3,7 milliards à l’Etat du Cameroun soit 1,2 milliard pour achever les stades et 2,5 milliards pour les hôtels. Le problème ? Selon de nombreuses sources au sein de l’administration des finances publiques, les décomptes ont totalement été payés aux entreprises chargées de la rénovation ou de la construction desdites infrastructures. « Le gouvernement a respecté ses engagements dans les délais et si retard il y aurait dans la conduite des chantiers, le blocage ne relèverait pas du ministère des Finances », confie à Défis Actuels, l’un des acteurs stratégiques de la chaîne de paiement desdits décomptes (les sommes à débiter sur le montant total d’un marché, Ndlr.). A la Direction Générale du Budget, des sources sont également formelles : « nous n’avons pas de décomptes Prime Potomac en instance au Trésor ». D’après un autre informateur à la Direction Générale du Trésor, « s’il est avéré que Prime Potomac n’a pas touché tous ses décomptes, c’est que ceux-ci sont probablement bloqués chez les maîtres d’ouvrages de ses chantiers à savoir le ministère des Sports en ce qui concerne les stades et le ministère du Tourisme pour ce qui est des hôtels ». Une enquête de notre reporter révèle que le dossier d’avance de trésorerie au ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep) n’aurait pas encore été transmis au ministère des Finances, alors que du côté du ministère du Tourisme et des loisirs (Mintourl), l’on aurait pris la décision de bloquer le dossier. Le Mintourl envisagerait de retirer à l’entreprise, les marchés de construction des hôtels susmentionnés.

Ben Modo pris AU Piège ?

Du coup, la sérénité a quitté le navire Prime Potomac. L’entreprise doit obligatoirement livrer tous ses chantiers d’ici au 31 mars prochain. Or, au regard des taux d’exécution des travaux, il y a de fortes chances qu’elle n’y parvienne pas. Ben Modo n’aura pas de seconde chance. Lui qui avait déjà échoué à conduire à son terme un contrat de construction de stades à gazon synthétique pour la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) il y a plus de trois ans. Notons que les dépenses de la CAN appellent de la compétence de plusieurs guichets de financement, ceux-ci pouvant être liés à l’Etat, la coopération ou à d’autres organismes publics, soit environ neuf sources de financement dont la régie spéciale Coupe d’Afrique des Nations, le Budget d’Investissement Public (BIP) en cours, les Fonds d’Investissement Extérieur (Finex) spécial CAN, les Finex ordinaires, le Planut (le Plan d’Urgence Triennal pour l’Accélération de la Croissance Economique), le C2D-Capitales régionales, le Fond Routier, les Aéroports Du Cameroun (ADC) et l’Autorité Civile Aéronautique (Ccaa).

Par Janvier Duclair Mvondo

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