Chantal Elombat Mbedey : « La mise à niveau des entreprises est vitale pour l’économie camerounaise »

Le directeur du Bureau de Mise à Niveau des Entreprises donne l’importance de la préparation et l’adaptation des entreprises dans un contexte marqué par la signature des Accords de Partenariat Économique (APE) avec l’Union européenne.

Quelle est l’importance de la mise à niveau des entreprises pour un pays comme le Cameroun ? Permettez-moi tout d’abord de rappeler que le concept de mise à niveau a été élaboré par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), dans l’optique de répondre au besoin, d’amélioration de la compétitivité des entreprises du secteur industriel face aux défis posés par la mondialisation. La mise à niveau est un processus continu qui vise à préparer et adapter l’entreprise à son environnement au niveau des exigences du libre-échange, et à y introduire une démarche de progrès via le renforcement des points forts et la résorption des faiblesses de l’entreprise.

Au Cameroun, la nécessité de la mise à niveau des entreprises s’est imposée dans un contexte marqué par la signature d’un Accord de Partenariat Economique (APE) avec l’Union européenne. Cette convention implique une ouverture des marchés respectifs des deux parties, ce qui va nécessairement entrainer une rude concurrence entre les entreprises. Il s’agit donc à la fois d’une menace et d’une opportunité pour notre économie. Pour tirer profit de cet accord de libre-échange, le gouvernement a pensé mettre à niveau les entreprises camerounaises pour qu’elles puissent produire aux normes, se développer et être compétitives. Le marché de l’Union européenne avec ses environ 350 millions de consommateurs potentiels est une niche formidable que nos entreprises peuvent exploiter à condition de disposer d’un système de production moderne et performant. La mise à niveau est donc vitale pour l’économie camerounaise puisqu’en plus des APE, il faut tenir compte de l’avènement plus ou moins imminent de la zone de libre-échange continentale qui va décupler les menaces pour nos entreprises, mais aussi les gisements d’opportunités.

Le Cameroun qui ambitionne d’être émergent à l’horizon 2035 se doit de suivre les expériences de certains pays qui ont utilisé la mise à niveau pour développer leur tissu industriel et renforcer leur économie. À titre d’illustration, des enquêtes qualitatives de suivi réalisées par le Bureau de Mise à Niveau tunisien ont notamment démontré l’efficacité de cette politique. Ces enquêtes ont prouvé que la mise à niveau est à la base de l’éclosion de l’économie tunisienne, l’installation de nouvelles firmes industrielles dans ce pays,et la création des partenariats divers avec des multinationales.

Quel est concrètement le rôle du Bureau de Mise à niveau ?

Le Bureau de Mise à Niveau (BMN) a été créé par un arrêté du Premier ministre, chef du gouvernement, le 16 décembre 2011 dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de compétitivité de l’économie camerounaise. Le BMN est placé sous la tutelle technique du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), et financière du ministère des Finances (Minfi).C’est le lieu de réitérer avec emphase que le Bureau de Mise à Niveau est chargé de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière d’appui à la mise à niveau et à la restructuration des entreprises industrielles.

Quels sont les résultats à ce stade, du Programme National de Mise à Niveau conduit par le BMN ?

Je voudrais d’abord rappeler que la mise à niveau est une démarche volontaire des entreprises qui sont sa cible. Sans être exhaustif, pour cette phase de pérennisation de la mise à niveau, le BMN a entre autres déjà enregistré 611 adhésions d’entreprises au Programme national de mise à niveau ; 263 pré diagnostics ont été réalisés ; 117 entreprises ont été retenues par le comité de pilotage (Copil/BMN) ; 82 plans de mise à niveau ont été validés ; les primes sur investissements matériels prévus s’élèvent à 1 691 millions de  Francs CFA ; les primes sur investissements immatériels prévus (hors diagnostics) s’élèvent quant à elles à 2 841 millions de francs CFA. Nous avons accompagné 09 entreprises certifiées aux normes internationales ISO 9001 et OHSAS 18001.

Le Programme Industrialisation Valorisation des Produits Agricoles (Pivpa) également conduit par le BMN, s’achève cette année. Y a-t-il des raisons d’être optimiste concernant l’avenir de ce secteur au Cameroun ?

Je dois préciser que le Pivpa ne s’achève pas cette année. C’est un programme qui est censé se déployer par triennat. C’est le premier triennat qui se termine en décembre 2019. Mais nous sommes très optimistes, et pensons que le Pivpa va se poursuivre. Le Pivpa est un fruit de la coopération fructueuse entre la France et le Cameroun. Il a été créé pour doper la compétitivité du secteur privé agroalimentaire du Cameroun, à travers un accroissement substantiel de sa productivité, afin que ce secteur tire le meilleur profit de la globalisation des échanges commerciaux. Ce programme pourrait donc bénéficier du deuxième triennat 2020-2022 du 3e C2D (Contrat de Désendettement et de Développement) au regard de la contribution du secteur secondaire, et particulièrement du poids en valeur ajoutée manufacturière dans l’économie camerounaise.Au vu des résultats que nous sommes en train d’enregistrer, et du potentiel économique de ce secteur, il y a évidemment tout lieu d’être très optimiste au sujet de son avenir.Nous sommes également confiants dans le fait que le gouvernement, et notre partenaire français qui sont conscients de l’importance de la mise à niveau pour l’économie camerounaise, vont étendre le spectre des secteurs concernés par le Programme National de Mise à Niveau.

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