Bernard Njonga : la fin du combat

L’ardent défenseur des paysans et de la souveraineté alimentaire du pays est passé de vie à trépas dimanche dernier, mettant ainsi un terme à une vie riche de combats qu’il comptait encore poursuivre.

Il n’est plus l’inlassable militant des intérêts des paysans camerounais, et de la souveraineté alimentaire du Cameroun. A 65 ans, Bernard Njonga s’est éteint. C’était le dimanche 21 février au CHU d’Amiens en France. Selon des informations de ses proches, il y était interné depuis janvier dernier et planifiait déjà sa sortie pour les prochaines semaines. Mal lui en a pris, la mort a frappé. Le Cameroun perd un ardent défenseur des populations du monde rural, qui a fait de ce combat l’objet de sa vie.

Sa carrière de combattant nait en 1987, lorsque Bernard Njonga, alors jeune fonctionnaire, ingénieur agronome sorti de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agriculture (Ensa), démissionne de la fonction publique. Un an plus tard, il crée le journal la Voix du Paysan, une publication qui ambitionne de valoriser l’entrepreneur rural. Dans la foulée, avide de changement, Bernard Njonga met sur pied le Service d’Appui aux Initiatives locales de Développement (Saild). Des instruments qui le révéleront très vite au public, lui et la cause qu’il chérit : la promotion de l’agriculture et de la vulgarisation des savoirs agricoles. L’ingénieur devenu entrepreneur dès l’obtention de son baccalauréat, misait déjà sur l’agriculture. Car appelé à choisir entre l’école de médecine, une école aéronautique et l’ENSA, son choix avait été fait, l’Ensa, l’agriculture. Dans son engagement à démontrer la richesse et le potentiel de l’agriculture au Cameroun, Bernard Njonga devient le principal militant de la cause paysanne au Cameroun.

Sous sa direction, l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs voit le jour. Un manifeste intitulé « 40 mesures pour faire décoller l’agriculture en 5 ans » éclaire sur son projet. Il veut intégrer toute la chaîne de valeur, réduire les importations dans le domaine alimentaire. Pour Bernard Njonga, l’agriculture peut faire entrer le Cameroun dans la cour des grands. Le combat qu’il mène contre l’importation des poulets congelés porte des fruits, avec notamment l’interdiction de la vente de ces produits prescrite par le gouvernement. Son combat le porte à la défense de la souveraineté alimentaire du Cameroun. Au comice agropastoral de 2011 à Ebolowa, il mène l’opération « zéro produit alimentaire importé au comice». La Coalition pour la Souveraineté Alimentaire au Cameroun qu’il dirige propose alors un village Cameroun. Chaque région du pays y expose son potentiel agricole. On y retrouve aussi du pain camerounais. Ce pain intègre une dose de farine de maïs et de patate douce. Au palais des Congrès de Yaoundé déjà en 2008, il avait organisé une journée de dégustation des produits camerounais.

Ce n’est certainement pas sur la scène politique qu’il a bâti sa notoriété. Candidat malheureux aux dernières élections législatives sous la casquette. Croire au Cameroun (Crac), il n’aura pas battu campagne. Mais ce que l’on retient de lui, c’est cette bataille acharnée pour la souveraineté alimentaire du pays. Un combat qu’il célébrait il n’y a pas longtemps, à travers une publication intitulée « 30 ans de combat, et ça continue ». Mais non, il sera stoppé net, fauché par la mort, un 21 février 2021.
Par Canicha Djakba

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