Alternance : La déclaration de guerre de Maurice Kamto

« Qu’il soit clair pour tous : nous n’accepterons jamais aucune forme de succession de gré à gré à la tête de l’Etat ». Maurice Kamto a fait cette mise au point cette nuit. Dans un discours « improvisé » sur les plateformes du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), le candidat arrivé deuxième à l’ élection présidentielle 2018, a lancé « un appel à la mobilisation générale des Camerounais de tous bords, pour sortir notre pays de la nuit d’une dictature ivre du pouvoir et du fruit de la rapine, et ouvrir une page nouvelle de la construction nationale, celle d’une société libre, fondée sur l’Etat de droit, ouverte et qui donne sa chance à chacun de ses enfants». Convaincu que « les artisans du gré à gré sont plus que jamais à l’œuvre » pour organiser une transition en marge des canaux constitutionnels.

Sur cette question, Maurice Kamto avait déjà engagé la fronde avec la France après l’audience accordée par Paul Biya à l’ambassadeur de France au Cameroun. Yves le Drian, le ministre français en charge des affaires étrangères, avait rejeté toute implication de la France dans un tel projet, arguant que la rencontre se classait dans la continuité des échanges entre les présidents français et camerounais engagés à Lyon. Mais dans son adresse du 19 mai dernier, Maurice Kamto avait relancé l’attaque contre un plan de succession de gré à gré qui se préparerait au sommet de l’Etat. « Je puis vous dire aujourd’hui que les choses se précisent. Les artisans du gré à gré sont plus que jamais à l’œuvre», insiste-t-il.

Le combat contre le « hold-up électoral » se poursuit

Une suite logique du « hold-up électoral» dont la page refuse de se tourner au Mrc. « A l’issue de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, le Conseil constitutionnel a porté un coup dur à la démocratie camerounaise, en déclarant vainqueur un candidat qui n’avait pas réuni la majorité des suffrages dans les urnes. A la suite de cette forfaiture, des militants et sympathisants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun ont été brutalisés, torturés puis illégalement jetés en prison pour avoir protesté pacifiquement contre ce hold-up électoral, contre la guerre dans le NOSO, et contre la prévarication des ressources dédiées à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2019, finalement retirée au Cameroun», rappelle-t-il. « Mais vous êtes restés debout, fiers de mener le combat pour la libération de notre pays », salue-t-il. Et pour se convaincre de la fidélité du peuple aux causes qu’il défend, Maurice Kamto convoque « la réponse exceptionnelle que vous avez massivement apportée à l’appel au boycott du double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020 que le MRC a lancé le 25 novembre 2019 ».

Pour le leader du Mrc, le déploiement du dispositif répressif de l’Etat contre le Mrc est la preuve même du complot ourdi par les tenants du pouvoir de Yaoundé de détourner une transition qui semble de plus en plus proche, par des raccourcis. « Par ce biais, ils veulent accélérer le cours de l’histoire à leurs fins, au mépris de toutes les règles démocratiques de dévolution du pouvoir et des souffrances du peuple camerounais», croit-il. Alors « je vous alerte afin que nul n’en ignore, ni aujourd’hui ni plus tard », avertit-il.

Crise dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, Code électoral

L’homme se dit déterminé à monter d’un cran dans le combat pour une alternance démocratique conforme aux aspirations du peuple. « Je réitère avec gravité que faute d’une résolution politique de la guerre civile que le régime Biya a provoquée dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, et sans une réforme consensuelle du système électoral à laquelle auront pris part les principales formations politiques et les organisations de la société civile crédibles, le Mrc et le Peuple du Changement n’accepteront pas qu’une nouvelle élection populaire se tienne au Cameroun. Pas plus qu’il n’acceptera aucune manipulation de la Constitution visant à organiser une succession à la tête de l’Etat par un mécanisme non électif», menace-t-il. Et « rien ni aucune circonstance politique, même exceptionnelle, ne pourra être invoquée pour organiser de nouvelles élections sans le respect de ces deux préalables », assure-t-il. Mieux, « l’annonce de l’organisation d’une élection au Cameroun sans la résolution préalable de ces deux crises qui minent notre pays sonnera comme une déclaration de guerre», monte-t-il en puissance.

De toutes les façons, « nous nous dresserons contre toute manipulation, même constitutionnelle, tendant à l’accession à la fonction suprême par des moyens autres qu’électifs », a promis l’homme qui tient en haleine le régime de Yaoundé depuis deux ans. « Nous sommes prêts ! Les tortures, les emprisonnements arbitraires et les humiliations, nous les connaissons déjà ! Quinze d’entre nous, dont le premier Vice-Président du Mrc, Mamadou Yacouba Mota, sont encore en prison. Et si la mort doit venir pour cette cause, qu’elle vienne ! », attend-il.

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