«10 millions de Nordistes» : Un mouvement apolitique selon son promoteur

Meeting du candidat Biya à Maroua en 2018

Initiant le mouvement «10 millions de Nordistes» le 27 juin dernier, Guibaï Gatama savait certainement qu’il n’allait pas échappé à des critiques de tout genre. Surtout dans un contexte marqué par les replis communautaristes et la haine tribale entretenue notamment sur les réseaux sociaux. Mais quand il doit présenter la raison d’être de «son» initiative, le directeur de publique du journal L’Œil du Sahel est catégorique : il ne s’agit ni d’un projet politique, ni d’un outil visant à créer des divisions entre les Camerounais. Mais seulement d’une initiative qui vise à promouvoir et défendre les intérêts des ressortissants du Grand Nord dans un esprit républicain.

L’Œil du Sahel était bien conscient du tollé qui s’en suivrait. Mais quand on l’interroge sur cet entêtement à tribaliser un combat pour l’émancipation sociale il est loin d’en démordre. «Le constat de la double bipolarisation dans le pays tendait à donner l’impression que les Nordistes étaient en train de se soustraire des débats qui engagent le devenir du Cameroun», confiait le journaliste au quotidien Le Jour. Or quand il parle de double bipolarisation, ce patron de presse fait sans doute allusion au fameux face-face entre ressortissants de la région de l’Ouest, et ceux du Centre- Sud qui s’étripent au quotidien sur les réseaux sociaux depuis la dernière élection présidentielle (octobre 2018). A entendre le promoteur de «10 millions de Nordistes», il serait temps que sa communauté fasse elle aussi entendre sa voix dans ce concert de diatribes. «Il y a davantage la situation du Grand Nord. Tous ces problèmes critiques qui touchent au développement de cette partie du pays, notamment l’absence des projets structurants, la question de l’eau, l’éducation…», dit-il. Et d’ajouter : «Nous devons parler, nous devons s’il le faut crier. Crier aussi fort et longtemps pour être entendus dans le cadre de la République parce que nous sommes des patriotes et des républicains».

S’il est question à travers ce mouvement de la défense des intérêts des ressortissants du Septentrion, l’autre enjeu semble se situer dans la réparation du «gâteau national». «Regardez les projets structurants. Il n’y en a qu’un seul dans le Grand Nord : c’est le barrage de Bini à Warak. Aujourd’hui quand on veut nommer des ministres ou des directeurs généraux de sociétés on pense d’abord aux anglophones, aux gens du Centre-Sud, de l’Ouest et le Grand Nord vient juste boucher les trous», a-t-il martelé à Le Jour. Dans sa démarche, l’initiative appelle par exemple le Conseil Supérieur de la Magistrature qui se tient ce lundi 10 août à se «se pencher sur la question de la représentativité du Grand Nord au sein de l’appareil judiciaire». Dénonçant «une sous-représentation des filles et fils du Septentrion qui doivent pourtant avoir le sentiment que la justice est rendue en leur nom par des magistrats qui agissent au nom de l’Etat censé incarner les composantes de la nation». Affaire à suivre.

Par Arthur Wandji

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